• fille-chien
  • bebe-frere
  • enfants-bataille-coussins
  • fille-ado-ecole
  • velo
  • maman-bras-bebe
  • fille-mer-chien
  • garcon-couche-chien
  • garcon-feuilles
  • enfants-plage
  • enfant-dessin
  • fille-nounours
  • parent-enfant-main
  • bebe-bac-a-sable
  • garcons-riviere
  • fille-portable
  • parents-mains-fillette
  • enfants-bataille
  • garcon-et-bebe
  • garcons-tire-la-langue
  • fille-ado-chien
  • garcon-dessin
  • mains-adulte-enfant
  • fille-bulles

L’humour, un outil pédagogique

Le rire est bon pour la santé, on le sait... mais ce n’est pas son seul atout. Il est aussi un merveilleux outil d’apprentissage que les adultes peuvent transmettre à leur progéniture.

Article paru dans Le Ligueur, par Julie Robin

Nos petits bouts sont de véritables arsouilles, quel parent pourrait prétendre le contraire ? Entre les premiers sourires en coin visant à nous faire fondre, les grimaces de bouderie ou de taquinerie qui nous font fondre tout autant, ou les premières blagues plus élaborées... nos enfants font preuve de beaucoup de créativité et d’imagination pour nous faire réagir. Et il faut dire que nous leur rendons bien, bon public que nous sommes, en extase devant la panoplie de subterfuges qu’ils inventent pour attirer notre attention. Puisque c’est de ça dont il s’agit avant tout, entendons-nous bien ! Et si cela commence ainsi, par la volonté de décrocher un sourire à papa et maman, cela peut se transformer ensuite en un véritable sens de l’humour, qui pourra s’avérer très utile à l’enfant et au futur adulte pour gérer de nombreuses situations et pour faire face à de nombreuses difficultés.

Faire le pitre n’est pas de l’humour

Un enfant qui fait le clown peut être drôle, mais ce n’est pas la même chose qu’un enfant qui a de l’humour. Si le premier vise à faire rire de manière consciente et voulue, le second le fera de manière inconsciente et donc à son insu, du moins dans un premier temps. Evidemment, l’enfant qui a de l’humour et qui se rend compte qu’il parvient à faire réagir positivement son entourage va sans doute développer ce talent pour l’utiliser, mais la démarche sera naturelle, il ne fera qu’affiner un don. Faire des pitreries pour amuser la galerie relève d’une démarche volontaire et active. L’enfant qui fait le clown met tout en œuvre pour se faire remarquer, pour attirer le regard et le garder. Or, « Les clowns sont tristes, c’est bien connu ! Un enfant qui fait le pitre n’ose pas être qui il est, il essaie d’être quelqu’un d’autre » explique la psychologue Diane Drory. « Il a bien souvent une vision de lui même qui n’est pas positive et il pense que quand il fait rire son entourage, il fait plaisir à ses parents ». Ce n’est pas la faute des parents évidemment, mais il vaut mieux éviter les catégorisations faciles du type « Notre Léon, c’est le clown de la famille, il fait rire tout le monde ! ». Difficile pour des petites oreilles qui trainent de ne pas répondre à ce qu’ils interprètent comme des attentes de leur entourage.

Question de culture familiale

Tous les enfants n’ont pas forcément le sens de l’humour. Tout dépend du tempérament, mais aussi de la culture familiale dans laquelle ils baignent. Dans le clan Van Aelst, l’humour est un sport qui se pratique toutes générations confondues. De père en fils, il se transmet comme un blason et chaque membre le manie avec brio. Gare aux visiteurs un peu trop sensibles qui repartent rarement sans une petite égratignure. Dans certaines familles l’humour fuse, dans d’autres, on prend tout au pied de la lettre. Et il a des familles où l’on cultive le deuxième degré, mais où certains membres plus fragiles n’arrivent pas à suivre. La remarque d’un père à son jeune fils « Tu as inversé tes chaussures, gros bêta va ! » peut lui sembler inoffensive à première vue, mais sera très probablement interprétée au pied de la lettre par son enfant qui recevra alors le message dénigrant « Je suis bête ». Manier l’humour et la légèreté, oui, mais en prenant garde de ne pas aller trop vite et trop loin avec les enfants qui ne maitrisent pas encore le second degré. « Mieux vaut l’introduire petit à petit et lui expliquer que si on le traite de « grosse patate » d’avoir mis son pull à l’envers, c’est simplement pour le taquiner, que ce n’est pas sérieux », précise Diane Drory.

Outil d’éducation exceptionnel

Qu’y a-t-il de plus doux à l’oreille que le rire franc et naturel d’un enfant ? Il emplit l’atmosphère d’une bonne humeur contagieuse. Le rire libère des endorphines dans le cerveau, ces hormones du bien-être qui permettent de libérer les tensions. Si votre enfant s’énerve parce qu’il n’arrive pas à mettre ses chaussures, apprenez-lui à lui voir les choses avec humour en lui lançant par exemple : « Hé bien dis donc, tes pieds ont trop grandi pendant la nuit ! ». S’il rit et qu’il parvient à surenchérir, vous aurez gagné. « L’humour est un outil exceptionnel qui apprend à relativiser. C’est l’outil par excellence de résilience », explique Diane Drory. « Il aide à surmonter les pires difficultés ». Au lieu de se fâcher et de réagir par l’agressivité, l’enfant apprend à prendre du recul par rapport à l’évènement, à dédramatiser et à voir les faits sous un autre angle, de quoi imaginer une manière plus positive et constructive d’y faire face. Cette gymnastique du cerveau lui sera utile en toutes circonstances, et ce, tout au long de sa vie. Mais attention, encore une fois, à tenir compte de la sensibilité des jeunes. Un professeur qui traite une élève de « Peggy la cochonne » pour lui faire remarquer que son cahier est sale risque très certainement de la blesser au lieu de la faire rire. L’humour ne fait pas tout passer, et encore moins lorsqu’il s’agit d’une critique qui prend la forme d’une pique personnelle.

Comment le cultiver ?

Puisqu’il y a le tempérament qui joue, il se pourrait que votre petite tête blonde ne soit pas du genre bruyant, à s’esclaffer à la moindre blague. « Mon fils de 3 ans est un petit anxieux plutôt réservé qui n’aime pas les débordements d’émotion ni l’agitation de groupe. Il est super heureux de pouvoir jouer dans son coin, ce qui ne l’empêche pas d’avoir un petit humour flegmatique un peu à la manière anglo-saxonne » témoigne cette maman plutôt bruyante lorsqu’elle rit et plutôt du genre esprit colo. « Une pédopsy de mon entourage m’a alors fait remarquer qu’il avait simplement hérité du caractère du papa, et qu’il fallait non seulement que je l’accepte dans son tempérament calme. Elle m’a aussi dit que c’était en revanche mon rôle de maman, dans la mesure où l’esprit de groupe m’importe, de l’ouvrir vers les autres et de lui montrer comment se socialiser ». Aussi simple que ça, pensez-vous ? Hé bien oui, c’est à vous de lui montrer comment se comporter, puisque nos enfants apprennent en nous observant. Si vous voulez apprendre la légèreté à votre chérubin, laissez-vous aller, mettez-vous en scène et faites le clown avec eux. N’ayez pas peur de vous rouler par terre en vous tortillant pour faire la chenille, n’hésitez pas à imiter l’éléphant en faisant de grands bruits avec votre « bras-trompe », sautez sur lui en le couvrant de bisous bruyants en prétextant être une grosse limace baveuse pour lui lécher l’oreille. Le tout, en dégustant le bonheur que procure le lâcher-prise. Explosion de rires garantie, même avec le plus récalcitrant ! Vous lui apprendrez alors à ne pas se prendre trop au sérieux, et à goûter au plaisir de la plaisanterie. « Préparez-vous aussi à encaisser les remarques de votre progéniture, puisqu’il vous choisira comme proie de prédilection pour tester son humour » prévient Diane Drory. « Si vous le taquinez et attendez de lui qu’il apprenne à faire de même, soyez prêt à accepter ses petites phrases brutes de décoffrages et bien plantées ». N’oubliez pas que la vérité sort souvent de la bouche des enfants, et que leurs petites blagues maladroites pourraient résonner en vous comme un coup de tonnerre. Il serait dommage et anti-pédagogique de le remballer sur un « Non mais tu vas te taire oui, petit impertinent ! ». Et oui, il faut encore une fois avoir la peau dure en tant que parent...

A quel âge se développe l’humour ?

Les bébés ont une première approche sensorielle de l’humour. Les chatouillis, les grimaces sur la table à langer, le jeu du « coucou » ou l’avion dans les airs sont ses « premiers pas de clown ». Vers 1 an, il s’amuse des situations inattendues. Marchez à quatre pattes à ses côtés, déposez votre foulard sur sa tête et soulevez-le brusquement, il pouffera de rire. Vers 18 mois, l’enfant commence à jouer à faire semblant. Il se met en scène et commence à utiliser des objets dans un contexte inattendu, comme par exemple allumer le four avec une télécommande de la télévision ou brosser le chien avec une fourchette. C’est en quelque sorte la naissance de l’humour. Vers 2 ans, il s’amuse à inventer de nouveaux noms farfelus pour désigner des objets. Vers 3,5 ans il entame la phase « Jouer à faire semblant... » et imagine des associations de situations incongrues qu’il trouve amusantes. Les mots « pipi et caca » le font s’esclaffer. Ce n’est que vers 6 ans qu’il comprend le rôle de socialisation que peut représenter l’usage de l’humour, à savoir que les blagues ont le don d’attirer la sympathie des autres. Vers 10 ans, l’humour deviendra plus varié, et sera utilisé de manière plus complexe jusqu’à l’âge adulte.

Un bon terrain

Pour pouvoir se développer, il est nécessaire d’offrir à l’enfant un environnement apaisant dans lequel il pourra se détendre et... rire, puisque l’un ne va pas sans l’autre. Le rire détend l’atmosphère, certes, mais il est difficile de se laisser aller lorsqu’il y a des tensions. De la même manière, le bébé aura donc besoin d’un cadre serein et positif pour se détendre et apprendre à rire. Il devra ensuite vivre au contact d’adultes rassurants et valorisants pour voir le bon côté des choses. Tout sera ensuite prétexte pour s’exercer en famille ou entre amis. Organisez des goûters avec les copains, improvisez des jeux de rôle ou assistez à des spectacles pour enfants.

L’humour, acte de rébellion ?

Votre petit monstre commence à vouloir tenir sa cuillère tout seul et se rend compte que lorsqu’il la lâche, elle tombe par terre. Il se plie alors en deux pour l’observer sur le sol. Il se relève et vous fait comprendre que vous êtes prié de la ramasser sans tarder et de lui rendre. Vous vous exécutez et avec un sourire jubilatoire, le regard planté dans le votre, il lâche cette même cuillère sans aucun scrupule. Vous riez jaune en lui disant qu’il ne peut pas faire ça, ce qui le fait s’esclaffer de plus belle. Il découvre l’e principe de gravitée, certes, mais avez-vous déjà imaginé qu’il pouvait ainsi poser les prémices du rejet de votre autorité ? Hé bien oui, votre petit amour n’attend pas l’adolescence pour commencer à affirmer son opinion, il s’y met déjà lors des premiers mois de sa vie. En reversant la cuillère de purée que lui tend l’adulte, il marque le refus d’accepter passivement les règles qu’on lui impose et montre sa volonté de garder le contrôle sur ce qui entre dans sa bouche. Et cela s’affine vers l’âge de 2-3 ans, lorsqu’il commence à utiliser les mots qui sont « interdits ». C’est la raison pour laquelle il s’esclaffe lorsqu’il entend les mots « pipi, caca ». A ce stade, son humour est très basique évidemment, mais il apprend ainsi à intégrer les règles de politesse et les convenances. Réjouissez-vous donc de le voir vous défier à coups de « splotch » de panades sur le sol et ne soyez pas trop dur lorsqu’il vous provoque en lançant des mots « indésirables », parce qu’en s’opposant à vous, votre petit monstre se construit. Et l’humour est l’expression par excellence du refus du poids des convenances et de la bienséance. Alors laissez-le s’exercer en votre compagnie, et forger sa confiance en lui, tout en lui expliquant bien entendu qu’il y a toujours des limites à ne pas dépasser. 

Mots clés: Pédagogie