Notre fille adoptée est mal acceptée
Notre fille adoptée est mal acceptée. Nous avons adopté, il y a 4 ans, une petite indienne qui en a maintenant 5. Nous avions déjà deux enfants qui ont très mal accueilli leur sœur. Et cela continue : remarques incessantes sur le fait qu’elle n’est pas notre « vraie » fille, qu’elle n’a pas la même couleur de peau qu’eux, qu’elle est plus fragile physiquement, etc. devons-nous envisager une thérapie familiale pour permettre à ces trois enfants d’établir une relation fraternelle fluide ?
Diane Drory :
Votre propos illustre bien la légèreté avec laquelle, bien trop souvent, les prémisses d’une adoption sont prises en considération. Et contrairement à l’idée courante véhiculée selon laquelle : adopter un enfant lorsque l’on en a déjà est beaucoup plus facile, intégrer un enfant dans une famille déjà constituée par d’autres enfants est une opération très délicate qui doit être traitée avec prudence et surtout avec préparation.
A vous lire, vos enfants n’ont pas été psychiquement préparés à la venue d’une petite sœur. Ont-ils eu l’occasion de débattre de la question ? Non pas que l’accord des enfants soit une condition sine qua non pour accomplir cette démarche, (ce serait une responsabilité bien trop lourde à leur faire porter). Mais avoir leur avis consultatif et surtout leur permettre de poser les questions sur le pourquoi de ce geste parental est un minimum requis pour se donner des chances de réussite.
Je ne connais pas l’âge de vos deux premiers enfants, mais imaginez bien qu’une telle démarche soit fort questionnante pour des enfants biologiques. Qu’ont-ils de moins ou de pas assez pour que leurs parents ne se suffisent pas de les avoir eux, des enfants de leur sang ? Les enfants ne sont pas aussi crédules que certains adultes et la théorie d’adopter pour « faire une bonne action pour le monde » n’est pas une bonne motivation pour se lancer dans une adoption. Les organismes d’adoption en sont bien conscients. Enfin, il était temps!
Si vos enfants renvoient à cette petite sœur, si mal venue, la couleur de sa peau et sa fragilité physique, c’est bien le signe qu’ils se questionnent du pourquoi : leur couleur de peau et leur robustesse n’a pas suffit à combler leurs parents ? La seule façon de se consoler de ce fait est de bien lui faire comprendre qu’elle n’est pas une « vraie », elle est importée, elle est une pièce rapportée qui ne pourra jamais faire partie de la famille…en tout cas pas pour eux !
La souffrance est donc totale, tant pour vous parents, que pour vos enfants biologiques qui imaginent sans doute ne pas correspondre à votre idéal parental, sans parler de la petite. Celle-ci doit se demander de quelle faute elle est porteuse pour ne pouvoir être accueillie ni par sa famille biologique ni par sa famille adoptive…
Oui, n’hésitez pas une seconde il faut crever l’abcès et mettre en lumière les motivations profondes de votre démarche. Une thérapie familiale avec quelqu’un de spécialisé dans les questions d’adoptions me paraît être une mesure plus qu’utile !