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Ma fille, mon héroïne

Notre époque, éprise de pédofolie, ferait-elle de la jeunesse les héros de ceux qui ne le sont plus ? Ainsi nombre d’enfants se retrouvent devenus la drogue de leurs parents ! Parce qu’insatisfaits et fragilisés dans leur individualité, dans leur relation de couple ou dans leur travail, certains parents misent sur l’enfant pour répondre à leur besoin de bonheur.

Ma fille, mon héroïne !

« Mon enfant, mon héros » une drogue dure ! Qu’est ce qu’un héros ? Un demi-dieu ! Un personnage légendaire auquel on prête un courage et des exploits remarquables. Accaparant toute l’attention parentale, les héros de l’aventure familiale occupent un premier rang de l’actualité quotidienne.

Pour certains parents ce sera la « carrière » sportive de leur enfant qui sera poussée « à mac ». Ainsi :« Lors d’un tournoi de tennis amical, après un duel acharné, ma fille Sophie vainquit face à son amie Jeanne. Quel ne fut mon étonnement, d’entendre Jeanne supplier ma fille de ne pas dire à sa mère qu’elle avait été battue. Je la voyais terrorisée, au regard de sa mère, à l’idée d’avoir perdu ce set. Ses deux parents étant totalement dévoués à la carrière sportive de leur fille…celle-ci n’ose pas, sans doute, leur dire que parfois elle aimerait simplement jouer, lire ou rêver… » Voilà Jeanne contrainte, au nom de la loyauté affective, d’orienter son désir, ses ambitions et son énergie vitale vers un dévouement desservant l’idéal parental. Une héroïne ne trahit pas les siens…

N’y a-t-il pas à dénoncer cette société éprise de performances qui amène certains enfants à être soumis à une réelle pression de réussite ? Que ce soit en sport, en études ou dans d’autres domaines, certains jeunes se voient contraint au devoir d’être le(la) meilleur(e). La réussite de l’enfant déterminant la fierté narcissique des parents. Chaque échec devenant l’échec des parents. En effet, certains parents imaginant d’eux-mêmes une image altérée, ont besoin d’un héros pour se représenter avantageusement, pour réparer le manque d’estime d’eux-mêmes.

Ma fille, mon idole !

Parfois c’est la jubilation qui l’emporte. Confusion de génération.

Q’est ce qu’une idole ? La représentation d’une divinité que l’on adore comme si elle était la divinité elle-même ! : « Tu vois Marie comme je te ressemble, tu fais cela comme moi. » Au travers de l’enfant, l’adulte se met en place centrale… Ainsi pour certains, une mauvaise note ramenée par l’enfant est un blâme infligé à l’adulte… « Vous vous rendez compte, il m’a fait un 6 en orthographe ! » Voilà un petite phrase qui s’entend régulièrement chez des parents qui mesurent la qualité de leur parentalité à l’aune des résultats de leur enfant… Le parent est la vedette et l’enfant le fétiche ?

Ainsi cette gamine qui depuis la première primaire « doit » être première de classe comme sa mère l’a toujours été. La mère surveille tout ce que sa fille fait, « sacrifie » sa vie pour diriger celle de sa fille car rappelons-le, une idole impose qu’on lui fasse des sacrifices… Si, dans cette structure relationnelle, l’enfant dispose d’un immense pouvoir sur sa mère, il n’a cependant d’autre issue, pour garder cet avantage, que de devenir copie conforme de sa mère. Excit le droit à la différence !

N’est ce pas à ce niveau que la place du père est essentielle ? Il est celui qui empêche la mère de faire de l’enfant son idole et vice versa. Il est celui qui sépare pour que chacun trouve son individualité, pour assurer la différence des désirs. Mais, de plus en plus souvent le père est exclu ou s’exclut de cette place de coupure. C’est que soit, il en a été évincé, soit il se piège, lui aussi, dans un processus d’idolâtrie, abandonnant son rôle de tiers. Pour le plus grand malheur de son enfant.

Ma fille, mon amour !

Que l’on aime son enfant, quoi de plus normal ! « La relation mère-fille est une relation privilégiée qui ne peut être vécue avec personne d’autre. »

Certaines mères, le nombre de familles monoparentales augmentant, font de leur fille leur unique objet d’amour… « Ma sœur n’a pas sa vie à elle et projète tous ses désirs sur sa fille. Cela met en place une contradiction dans leur relation car au lieu de complicité, il y a de la rivalité. Vu de l’extérieur, on pourrait croire que la mère ne veut que le bien de son enfant en étant aussi proche d’elle mais en fait elle garde sa fille enfermée dans le désir maternel. » C’est clair, quelqu’un qui est trop au service de son enfant est souvent bien plus dans le contrôle que dans l’amour… Joue alors bien plus un « besoin d’être aimée et reconnue pour tout ce qu’elle fait » qu’un véritable amour : l’amour qui lâche prise, l’amour qui met des balises sans imposer le cheminement.

Conclusion

La fine limite, entre donner beaucoup et exiger suffisamment, est difficile à trouver. C’est indéniable il est bon pour un enfant de sentir que ses parents aient des ambitions à son sujet. L’ambition de le voir réussir sa vie, selon ses capacités et ses penchants.

Lourd est le fardeau d’un enfant investi du mythe de l’enfant idéal. Il doit réparer, compenser, réaliser ce dont les parents ont rêvé. N’est ce pas, aussi, une terrible et lourde contrainte, d’être tout pour ses parents ? D’être leur seul pourvoyeur de bonheur ? D’être au centre de leur vie ? Dolto n’a pas hésité à dire : « Un enfant doit pouvoir graviter autour de la famille mais non pas en être le centre ! » Cette place de centre, point de rencontre de tous les regards, de toutes les attentes réduit à une peau de chagrin l’espace de liberté psychique. Devenir libre et responsable c’est pouvoir vivre pour soi et non pas en fonction des désirs, des ambitions ou des blessures parentales. Dans ce cas, on est un enfant-prothèse…

Il est vrai qu’il est souhaitable de soutenir le goût à l’effort, la foi dans la possibilité d’un dépassement de soi. Car sans cela il n’y aurait pas de « champions » dans quelque domaine que ce soit. Sans doute est-ce important d’encourager un enfant qui manifeste un réel désir de réussite, une passion pour un sport ou une autre activité. Mais de là à braquer les projecteurs du quotidien uniquement sur cet angle, il y a un pas. Tout un chacun doit apprendre à gérer son désir mais soumettre le désir des uns au désir d’un autre n’a rien d’équilibrant et n’est pas une manifestation incontestable d’amour immodéré !

Aimer c’est sans doute pouvoir dire : « Ma fille – cette inconnue » « Ce qui m’impressionne chez ma fille, c’est sa différence. Pour moi, l’éducation, c’est côtoyer et voir s’épanouir un être à la fois différent de moi et si semblable. » Pouvoir dire : « Ma fille – ma découverte. » Même si dans la filiation de la lignée mère-fille, se joue la transmission de la féminité, du regard sur l’homme, du don de donner le droit de séduire ailleurs. 

Mots clés: Mère Identification Attachement