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Pourquoi tant d'enfants veulent mourir

De plus en plus jeunes, nombreux sont les enfants qui déclarent vouloir mourir, vouloir se tuer. Est-il possible, pour un enfant, de réellement penser à vouloir mourir ? Dans ce monde où ils reçoivent tout ce qu’ils souhaitent ! Pourtant les chiffres sont là. Les suicides d’enfants sont en hausse. Que veulent-ils nous signifier ces enfants parlant de vouloir en finir ?

S’agit-il d’une manœuvre de chantage ? D’une symptomatologie dépressive ? En y regardant de plus près, que constate-t-on : Ces enfants ne veulent plus de la vie… parce qu’elle les déçoit !

Le poids des contraintes

Dès que quelque chose le contrarie, mon fils se met à pleurer en disant qu’il n’a plus envie de vivre, qu’il en a marre de toujours devoir « faire des choses » qu’il n’a pas envie. Les contraintes sont, pour lui, insupportables.

Ce qui est insupportable ne serait-ce pas d’avoir à assumer les contraintes des nombreux paradoxes de notre société ? Par exemple résoudre une équation extrêmement compliquée : s’intégrer dans la société tout en étant un individu individualisé !

En effet, d’un côté l’enfant grandit dans un environnement qui, le considérant comme un « sujet », cherche à lui accorder tout ce qu’il souhaite. Toutes contraintes, allant à l’encontre de son désir, étant abolies ou longuement négociées. Le voilà illusionné d’une liberté sans limite. Mais d’un autre côté, dès sa conception, ce même enfant est pris sous l’emprise d’une société de plus en plus normative qui le prend comme « objet » de maîtrise. Société qui bannit le hasard, prône le contrôle. Pas de tabouret dans les lieux d’accueil pour petits. Ils pourraient tomber… On pense à supprimer les toboggans des plaines de jeux car, récemment, un enfant a glissé et s’est cassé le bras…Le moindre risque d’un petit risque fait lever les bras au ciel !

Le prix à payer face aux progrès techniques est lourd. Les enfants ont le sentiment de ne plus s’appartenir, d’étouffer dans un cadre trop contraignant, d’être sur des rails dont ils ne peuvent s’échapper. Voilà le désir individuel, tant mis en exergue, se retrouvant emprisonné dans le carcan d’un univers surprotecteur !

Les enfants, on les pousse dans des buggys jusqu’à un âge avancé mais à ce même âge on leur demande de décider qui va les coucher, où l’on ira le week-end ou quel parent est le meilleur ! Une des dures réalités des enfants d’aujourd’hui ne serait-elle pas d’être confrontés à un environnement qui s’acharne à leur faciliter la vie mais qui en réalité la complique… ?

Et que dire du rythme tourbillonnant auquel le temps des adultes les soumet ? Face à ce temps qui trop souvent manque pour être pris, calmement en famille, les enfants, à les entendre, se sentent vides. Est-ce pour cela que l’obésité devient un mal envahissant ?

Trop de pouvoir déboussole, trop de sécurité déresponsabilise et le vide de bon temps nous rempli de manques... Entre l’exigence de liberté individuelle et l’obligation d’éviter tout risque, l’être psychique se déchire…Cette réduction de l’identité, donne-t-elle à l’enfant le goût de vivre ?.

Ne pas se sentir aimé…

«  Quoique l’on fasse, c’est désolant mais notre enfant n’est jamais content de son sort. Il dit que nous ne l’aimons pas. Et pourtant… »

Les enfants sont pressés de tous côtés, y compris du côté de leur propre désir ! Etre responsable de sa destinée, devoir réussir ses choix, être coupable de ses échecs. Ces messages se clament tous azimuts. Mais quel est le bon choix ? La société actuelle en offre tellement. Trop de choix embrouille le désir.

Dans la tentative de respecter toutes les individualités, dès son jeune âge, l’enfant grandit dans un cocon de consensus. Les parents confondant leurs désirs avec ceux de leurs bambins induisent parfois dans une même phrase : . : « Fais comme tu le sens » et « Fais comme je le veux ! »… Oubliant qu’ils n’ont à être ni égaux, ni amis de leurs enfants. Ils sont les parents !

Difficile de se sentir aimé (même si, incontestablement, les parents sont profondément attachés à leurs enfants) lorsque l’on grandit sans cadre de référence clair. Cadre de vie insécurisant puisque, pris entre le marteau et l’enclume, face à l’indétermination des rôles et des générations, l’enfant grandit dans une structure floue. Il est amené à contester les normes éducatives de ses parents, alors que c’est de la cohérence de leur autorité que dépend son adaptation aux normes sociales! Pas confortable d’être à la fois juge et parti !

N’est ce pas plus facile d’être mort ?

Révoltés face à l’échec

De ces enfants annonçant en avoir marre de vivre, les parents disent aussi : « Dès qu’il rencontre un échec il s’écroule ou fait une crise ! Et la litanie sur son envie de mourir reprend. Nous cela nous glace les sangs. »

Les obstacles se surmontent difficilement si l’échec est interprété comme une punition plutôt que vécu comme un challenge !

Et pourtant la vie est une succession d’obstacles ! Paradoxalement, de nos jours, règne en maître le dogmatisme du bonheur ! Toute l’économie du désir, la détermination d’une « vie réussie » sont organisés en fonction du plaisir et du bien-être. Dans ce cas, l’échec ne fait que signer une entrave au bien-être, la faille de la performance. Cependant la traversée de l’échec est essentielle. Elle permet la réflexion, ouvre à d’autres voies. Formateur, l’échec est la condition de l’apprentissage ! Il permet l’initiation.

Pensez-vous que, pour un enfant,  diaboliser l’échec offre le meilleur des mondes? Lui qui incarne le plaisir de la découverte. Indispensable cheminement pour construire son identité ! N’est ce pas au travers de nos expériences que d’insignifiants, nous devenons uniques ?

Une vie sans expérience nouvelle est une vie sans intérêt…

Sentiment d’impuissance

« Et dire que notre enfant a tant d’atouts pour lui. Pourquoi dit-il vouloir se tuer parce qu’il est nul ? Que la vie est nulle et que l’école il s’en fout ! »

Les constats d’enfants totalement désintéressés par l’apprentissage scolaire se révèlent de plus en plus fréquents. Faut-il d’emblée tout incriminer à l’environnement de l’école ?  Au programme scolaire trop chargé ? Aux professeurs démotivés ? C’est sans doute un peu court comme raisonnement !

Faut-il alors incriminer la paresse de l’enfant ? Son refus de faire « un effort » face aux tâches scolaires ? Encore faut-il pouvoir croire qu’un enfant soit, de nature, paresseux. Personnellement je n’y crois pas ! Oui, un enfant peut,  avec le temps, être amené à devenir paresseux. S’il n’est jamais incité à devoir faire les choses de par lui-même !!

Aucun d’entre nous, à moins d’être masochiste, ne se battra pour faire un effort, si un autre l’accomplit à sa place ! « Pourquoi ferais-je l’effort de m’habiller, si on m’habille ? Pourquoi ferais-je l’effort de ramasser ou de ranger ce que je viens d’utiliser, si on le fait à ma place ? Pourquoi ferais-je l’effort de penser à mes chaussures de gym et de les chercher si ma mère le fait ma place ? Pourquoi, à 8 ans, ferais-je l’effort de faire mes tartines si Papa les fait à ma place ? »

Pensant et agissant à la place de leurs enfants, les parents n’induisent-ils pas l’idée que l’effort est une malédiction au bien-être de leurs chers petits ? Imprégnés d’amour pour eux, les parents rêvent de leur offrir le paradis sur terre en leur épargnant tout effort. Mais l’enfant n’est-il pas leurré ?

Bien sûr, l’adulte qui agit à la place de l’enfant est porté par une logique de tendresse. L’enfant, lui ne l’entend pas de cette oreille. Mais alors pas du tout ! Sa logique est bien différente : « Si mes parents agissent à ma place, c’est qu’ils estiment que je n’en suis pas capable. Pas capable de chercher mes chaussures, pas capable de ranger mes jouets. Pas capable de grandir. Handicapé de la vie, je ne vaux rien. Je ne suis moins que Rien. Un petit. Un incapable. Un Nul... Dans ce cas, pourquoi, vivre ? »

Face au scolaire, soudain, les adultes demandent « Fais donc un effort, on t’en demande déjà si peu ! ». Mais comme toute chose, l’effort s’apprend. En rangeant son cartable, en rinçant le bain, en cherchant ses pantoufles, en ramassant le crayon tombé à terre ! Pourquoi voulez-vous que d’un coup, parce qu’il est devant un cahier et confronté aux angoisses de ses parents, un enfant sache ce que veut dire « faire un effort » !! C’est à l’aide d’une foule de petites actions quotidiennes qu’un individu met en place, le sens de l’effort. Celui-ci fera naître un sentiment de compétence : la sensation d’être quelqu’un et non un zéro…

Celui à qui sont ôtées les possibilités de faire des efforts, n’emmagasine aucune expérience de conquête. Il vit « pour rien »…

Des parents amoureux de leur enfant

« Nous ne comprenons pas d’où lui vient cette envie de mourir. Nous qui faisons tout pour son bonheur ! »

Investis du mythe de l’enfant idéal, les enfants doivent réparer, compenser, réaliser ce que les parents ont rêvé. Alors quand l’enfant ramène une mauvaise note c’est comme si elle était infligée à l’adulte…

N’est ce pas, aussi, une terrible et lourde contrainte, d’être tout pour ses parents ? D’avoir des parents amoureux de leurs enfants ! Plus amoureux d’eux que de leur conjoint… D’être au centre de leur vie. Dolto n’a pas hésité à dire : « Qu’un enfant doit pouvoir graviter autour de la famille mais non pas en être le centre ! »

Cette place de centre c’est le point de rencontre de tous les regards, de toutes les attentes de ceux aux alentours…L’espace de liberté est réduit. « Pourquoi voulez-vous que je lui donne de l’argent de poche ? S’il a besoin de quelque chose, nous lui donnons. Il a tout ce qu’il veut. »

A la périphérie, l’enfant peut s’évader des désirs parentaux… Il peut s’accorder des espaces de liberté. Faire ses expériences… « Zut ! Tout mon argent de la semaine est parti en deux jours, à acheter ces bonbons! Pas grave, la semaine prochaine je m’organiserai mieux ! »

Parce que insatisfaits et fragilisés dans leur relation de couple ou dans leur travail, certains parents misent sur l’enfant pour répondre à leur besoin de bonheur. C’est lourd à porter ! Trop lourd pour certains enfants…

Si la vie n’est que, contraintes qui empêchent de vivre ma vie, interdit de risquer mes expériences…Si la vie n’offre que le droit de réussir à ce que je me sente « bienheureux »… Si la vie n’est qu’attendre qu’un autre pense et agisse à ma place…Si la vie n’est jamais autre chose que d’être l’objet des attentes de l’autre…C’est vraiment trop difficile !

Autant aller voir ailleurs… dans un autre monde…

Mots clés: Mort Autorité Echec Place Attachement