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Rester jeune ? Vieillir ? Avons-nous le choix ?

Sauf problème grave de santé ou accident inattendu, notre société offre une durée de vie de plus en plus longue. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Est-ce pour dénier le pire que de nos jours, l’exaltation des valeurs de la jeunesse devient omniprésente et le culte du jeunisme transformer les adultes en adulescents ?

Peter Pan : jeune garçon pour l’éternité, est érigé en modèle idéal, permettant ainsi à l’imaginaire des adultes d’estomper les frontières entre les âges. Par ailleurs, notre culture prônant la performance et le bonheur à tous crins, refuse ce qui n’est pas à la mesure de notre désir. On ne veut plus qu’il pleuve en été, on ne veut plus que les enfants pleurent, on ne veut pas devenir vieux… Le mot vieillesse on le veut impensable. Mais, puisqu’on vieillit depuis que l’homme existe, pour lui fermer l’accès à notre imaginaire il nous faut l’évincer tant que possible de notre vocabulaire … Un leurre de plus de la caricature actuelle du « bonheur » ?

Incontournable finitude

La mort, « cette possibilité de l’impossible » comme dit Heidegger, nous nargue depuis le jour même de notre naissance ! Eh oui, ne nous en déplaise, « L’acte de vivre comprend tout au long (de la vie) l’agonie de la mort » (Michel Serres). Appelons un chat un chat, vivre c’est vieillir. Dès notre premier respir, nous sommes chevillés au vieillissement. Inexorablement nous sommes poussés vers cette antichambre de la mort. Y a-t-il vraiment tant à craindre de cette avancée ? Autant s’en accommoder, non ? Plutôt que de la taboutiser.

Etant vivants, cette vieillesse à venir, comment la gérons-nous? Tout individu psychiquement sain sait qu’il va mourir, il connaît  l’issue fatale qui l’attend mais cela ne l’empêche pas, au quotidien, de se conduire dans le déni de cette certitude. « Figure-toi la vieillesse en ces termes : tu risques ta vie au quotidien. Tu n’échappes pas à la conscience de ce qui t’attend à brève échéance, ce silence qui va t’entourer pour toujours. A part ça, c’est pareil. A part ça, on est immortel, tant que l’on est vivant . »[1] S’accommoder de la finitude, se savoir vieillissant, faire le deuil de son éternité se poursuit tout au long de notre vie. « Mon père m’a confirmé qu’il a abordé l’avancée de l’âge en sachant qu’il vieillissait mais qu’il n’avait pas vraiment envie de penser à cela ! »Etrange paradoxe de l’humain, se savoir destiné à mourir et se comporter comme s’il en était autrement, comme si les années étaient sans prise sur lui.

La culture du « rester jeune » ne trouve une réelle adéquation que si elle n’occulte pas la conscience de l’incontournable vieillissement et si jeunesse ne se réfère pas uniquement au corps physique. Qui n’a pas entendu le fameux « On a l’âge de son cœur et non celui de ses artères ! ». Vieillir, c’est sans doute veiller à garder une tête saine dans un corps sain. C’est moins s’efforcer à faire du jogging à l’âge où les rotules n’en demandent pas tant que de veiller à garder une souplesse d’esprit. Garder une peau lisse c’est surtout refuser les airs revêches. Vieillir devrait permettre une « réévaluation positive » de l’existence traversée, nous permettre de bousculer nos valeurs.

Vieillir, pour le pire ?

« Ma mère s’embête depuis sept heures du matin. Négative à tous propos, elle passe son temps à donner mauvaise conscience à ses enfants avec des « Je n’ai vu personne aujourd’hui. », témoigne Carine.

« Surtout ne te crois pas obligée de faire rapidement de moi une grand-mère » déclare Marie-Claire à sa fille qui vient de se marier… Il est évident que la confrontation à la descendance révèle sans détour l’écart entre l’avenir illimité du nouveau-né et les bornes de sa propre vie. Pour certains, acquérir le statut de grand parent sonne le glas de la vieillesse, de la fin prochaine, de faire partie de ceux qui « ont été »… De ceux qui sont obligés de laisser la place aux suivants… Pour ces personnes, la confrontation à la finitude et au temps compté semble insoutenable. Craignent-elles que se savoir vieillissant paralysera la « joie de vivre » ? Empêchant le plaisir d’être source et ressource.

Mais ne sont-ils pas de plus en plus nombreux ces « jeunes » grands parents qui connaissent la joie et l’épanouissement que créent les liens complices, affectueux et irremplaçables qu’ils nouent avec la jeune génération ? Accéder au stade de grand parent ouvre à la dimension de la transmission intergénérationnelle. Bonheur de conter des « histoires vraies », celles qui ont construits l’histoire familiale. Pour aborder leur avenir, nos jeunes ont besoin de pouvoir s’appuyer sur le passé. Vieillir c’est transmettre, ce qui ne signifie pas bassiner les oreilles des plus jeunes avec des « de mon temps… »

Vieillir pour le meilleur ?

« Ma mère ne vieillit pas ; Elle ne se soucie pas trop de son aspect extérieur, elle se soigne mais sans plus. Pas de lifting dans tous les sens. Malgré qu’elle soit rongée de polyarthrite, elle garde un moral du tonnerre. Elle, reste ouverte aux autres et aux événements sociaux. Nombre de ses contemporains sont décédés mais elle continue à s’accrocher à la vie en s’intéressant à ce qui touche ses enfants et petits enfants. », témoigne Chantal. Même si vieillir nous confronte à accumuler des morts autour de soi, la mort des proches nous oblige à relativiser la dure réalité humaine. Vivre c’est pouvoir retrouver une sorte de « banalité » de l’existence où nos pensées et émotions fonctionnent harmonieusement dans tous les registres de la vie.

Cette dame vieillit en élaborant une certaine indifférence par rapport au vieillissement, elle choisi plutôt de mettre son énergie dans le plaisir de vivre ! Nous sommes les seuls êtres vivants à « savoir » que nous allons mourir, mais si nous sommes psychiquement sains, cela ne devrait en aucune façon nous empêcher de vivre ! Au contraire vivre, c’est continuer à se construire jusqu’à l’extrême limite…

Mais se construire, est-ce à tout prix nier la mort ? Ou est-ce plutôt essayer de vivre sa vie le mieux possible afin aborder la finitude avec une sérénité sans regret ? Vivre notre humanité c’est pouvoir prendre distance de cette réalité de la mort et de l’angoisse qu’elle suscite pour retirer de la vie la joie d’être là.

Vieillir, comment ? Où ? Seule ? Avec qui ?

Qu’en sera-t-il pour chacun d’entre nous de sa vieillesse ? Va-t-elle paralyser les heures dans l’immobilité ? Ou brouiller les pistes de la pensée, faire partir celle-ci en cavale ? Sera-t-elle d’une maladie qui doucement mais sûrement éteint la flamme de la vie ? Ou celle d’un enroulement dans une douleur qui crie le désir d’en finir ? La certitude de cette incertitude fait partie de la vie.

Aussi malgré notre culture de jeunisme, qui consciencieusement veille à nous camoufler notre finitude, il nous faudra apprendre à apprivoiser l’âge à qui nous vient. En l’aimant ! En accueillant ce temps de vie qui nous incite plutôt à donner qu’à recevoir, à aimer qu’à être aimé.

Face à la capacité croissante de la longévité, si nous voulons défendre la spécificité de notre humanité, il nous faudra inventer, innover des apports et des contributions de chacun dans la vie sociale. La vie n’est-elle pas un parcours d’orientation, d’exploration de nouveaux modes de vie ? Briser certaines barrières, certains préjugés, certaines habitudes. Inventer de nouveaux fonctionnements de société qui donnent une place reconnue à chaque âge. La réponse au vieillissement est dans la place que nous nous aménageons dans la « Vie » et à notre ouverture à l’ Imprévu ».

Pour certains freiner la sensation de vieillissement se fera en veillant à la nourriture,  en faisant un maximum de mouvement, en prenant avant tout soin du corps. Espérant qu’en sauvant les apparences extérieures on garanti l’illusion de jeunesse. N’oublions cependant pas le cerveau et comme le recommande Michel Serres : « chercher à bien vieillir c’est s’efforcer, chaque jour, de lire un texte difficile… » Et n’oublions pas notre âme ! La garder jeune c’est prendre soin d’elle en prenant soin des autres. La jeunesse n’est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit, une qualité de l’imagination. On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’années, on devient vieux parce que l’on a déserté son idéal. Les années rident la peau mais renoncer à son idéal ride l’âme ! 

Mots clés: Mort Solidarité Deuil Corps Respect