D’une fête à l’autre
Initialement, la fête est un rite ayant pour fonction de marquer la marche du temps dans le parcours de vie des humains. Depuis la nuit des temps, dès qu’apparaissent les hommes, nous les voyons mettre en place des fêtes marquant les temps forts de la vie d’un individu (naissance, communion, enterrement) et d’autres fêtes jalonnant la vie collective.
Ainsi dans notre culture la Toussaint, la Saint Nicolas et la Noël rythment les derniers mois de l’année. Mais le mythe dont chaque fête est porteuse, en parle-t-on encore ?
La Toussaint, une fête oubliée
Voilà une fête en voie de disparition ! Evidemment, à part le commerce de chrysanthèmes, il n’y a pas beaucoup d’argent à en tirer… Les vieux vont encore fleurir les tombes mais y emmènent-ils encore leurs enfants ou petits enfant ? Nos parents décédés, la lignée dont nous sommes issus est-elle vraiment quantité négligeable ? C’est oublier que sans passé il est difficile, pour un enfant, de se construire un avenir. Nous avons tous besoin d’appartenance et de lien, aussi avec ceux qui nous ont précédés…Cette fête est une occasion unique pour se raconter les images et les moments forts des vies de nos proches défuntsCommémoration des morts cette fête est bien de chez nous, de notre culture. Pour les croyants, elle peut avoir un sens différent que pour les non-croyant mais incontestablement elle nous renvoie au respect de nos racines, elle permet les récits qui véhiculent l’histoire des familles dont chacun de nous à besoin pour se situer dans le temps.
A l’occasion de cette fête, l’arbre généalogique se redessine, refleuri, s’entretient.
Halloween, une fête intruse.
N’avons-nous pas à nous interroger sur la suprématie que prend cette fête sur celle de la Toussaint qui nous rappelle que la mort est une réalité qu’il faut assumer mais que ce passage nous permettra de retrouver les morts ?
Mode arrivée des Etat-Unis, la fête d’Halloween, d’origine celtique, est soudain de mise dans notre pays. Or bien peu de gens en connaissent le sens et y soumettent les enfants sans même penser au contenu véhiculé par ce carnaval macabre.
Le vrai sens de la fête de Halloween, marquait la fin du cycle des saisons. Cette nuit-là, tous les foyers étaient éteints puis rallumés à partir de braises ramenées du grand feu druidique allumé sur le mont Tara en Irlande. Il se pourrait que les potirons éclairés rappelle ce transport de feux. Ce temps était aussi celui ou il fallait se mettre en ordre avec les vivants et les morts, c’était la « nuit d’entre les deux temps ».
Mais d’où vient alors ce ballet de squelettes et de toiles d’araignées macabres ? D’une récupération, par des mouvements anglo-saxons d’occultisme, qui ont fait de cette fête un jour qui fête l’entrée en contact avec les morts. Mais ici ce sont les squelettes, vampires et sorcières qui ont le dernier mot et viennent terroriser les vivants…Cette fête devient une reconnaissance d’un culte de l’horreur !
Osons regarder les choses en face, le commentaire de François Mathysen[1] ne mérite-t-il pas réflexion ? « Jusqu’où peut-on ne pas prendre au sérieux un culte de haine, de violence, de mort et de perversion pratiquée par des adultes que l’on peut supposer sains d’esprit et libres de leurs actes… …Il est vrai que l’engouement pour les déguisements morbides, le matraquage publicitaire, les succès de librairie et les jeux vidéo ne facilitent pas le choix d’une prise de distance que tentent de vivre certains parents. Il importe cependant d’être conscient que promouvoir une telle fête, c’est marquer son accord et favoriser, même involontairement, l’émergence de pratique occultes qui la sous-tendent.. …Quelques notions de psychologie devraient rappeler que faire jouer des enfants avec le mal, le laid, le mauvais, le méchant et l’horreur ne peut que les marquer durablement et en profondeur. »
D’une fête à l’autre
De nos jours, on zappe d’une fête à l’autre. Plus le temps de se souvenir des bons moments qu’une fête nous a donné l’occasion de vivre que déjà, tous azimuts, la commercialisation de la fête suivante bat son plein…
Les sorcières d’Halloween qui, soit dit en passant, ont terrorisé plus d’un enfant, n’ont pas eu le temps de retourner dans le monde de l’invisible que déjà les médias nous bombardent d’informations concernant tous les cadeaux que pourrait amener Saint Nicolas. Mais la belle légende de ce saint qui aime tant les enfants qu’il les sauve des mains d’un boucher avide d’argent, quelqu’un en parle-t-il encore ? Le boucher actuel s’appelle Consommation, et son appât du gain vampirise l’enfance. Les enfants sont devenus des objets à consommer et le bon saint est réduit au statut de porteur d’une hotte à enrichir les négociants de jouets…
Et l’on se plaint que les enfants manquent de structure, confondent l’avant et l’après et ne savent plus à quel saint se vouer… Mais y comprenez-vous quelque chose vous, de voir les grandes surfaces, depuis début octobre, vendre des sains Nicolas en chocolat tandis que dans les écoles on vante les plaisirs des squelettes et des vampires…Quant à ce pauvre saint, sa fête n’est pas encore passée que tous côtés fleurissent les marchés de NoËl.
Vendre et acheter semble être la façon dont, de nos jours, se fait la fête… Sommes-nous obligés de jouer le jeu ? Ne serait-ce pas le moment de rappeler à nos enfants que la fête de Noël est avant tout celle « des hommes de bonne volonté » qui souhaitent fêter l’amour et la paix !
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