Des ados ? Pas de tout repos !
Quinze ans ! A moi le monde !
« Fini le temps où les six membres de la famille se retrouvent à 7h30 autour d’un bon repas, à se raconter les faits divers de la journée. Léon a entraînement de foot deux fois par semaine et ne rentre qu’à 20h30.
D’autres soirs il va gagner son argent de poche en faisant du baby-sitting et les week-ends, n’en parlons pas, quand il n’y a pas match, c’est un ciné ou une soirée chez un copain qui l’empêche de s’inscrire dans le rythme familial. »
Passer d’une famille à une autre
Mais n’est ce pas là la spécificité de ce temps que nous appelons adolescence ? Lorsque la fin de l’enfance s’annonce et que le début de l’âge adulte pointe son nez, le cocon familial devient soudainement trop étroit, ça manque d’air et d’idées nouvelles. L’enfant devenu un « jeune » part à la recherche d’une nouvelle famille.
Pour certains l’occasion de nouvelles rencontres sera un club de sport, lieu souvent régi par des règles strictes (par minute de retard, autant de pompages !) et où les « coachs » nouvelles figures parentales (mais oh combien différentes !) cadrent, guident et conseillent tandis que les copains viennent remplacer frères et sœurs. Pour d’autres, la nouvelle famille sera, par exemple … la rue. Là, à part le policier du quartier, les repères parentaux sont flous, les règles plus empreintes d’anarchie, l’ambiance plus chaotique et les relations parfois « hard ».
Qu’importe le chemin choisi, une évidence s’impose : pour grandir et s’envoler dans la grande famille sociale, le petit de l’homme doit se distancier du nid familial !
Mais la conquête d’un univers social neuf, amène amours et amitiés aux visages inédits et dans ce monde élargit surgissent des tentations de tout ordre.
Ce nouvel état de fait n’est aisé pour personne et engendre une série de paradoxes. Ainsi, le jeune quoique attaché à ses proches, doit les « larguer » ; plus cette tâche lui est difficile plus il sera obligé de prendre des attitudes de défi ! Du côté des parents, inquiets de voir leur « petit » marcher sur le fil du rasoir, ceux-ci cherchent à le protéger des dangers du monde en le freine dans sa soif d’indépendance. Il n’est guère aisé pour eux de trouver le bon dosage entre leur inquiétude qui les pousse à retenir leur « petit » et leur désir de montrer leur confiance à l’encontre de leur « grand » et d’adopter une attitude plus « cool ».
Se repositionner
« J’ai du mal avec cette nouvelle situation, nous dit Isabelle, j’aurai encore envie que nous soyons tous les six réunis et d’être bien à nous six. Pourtant quand « il » est là il n’y a que disputes car le grand est trop grand et ne s’accommode plus du second qui cherche à le singer. Par contre quand il n'est pas là, il nous manque ! »
Nouveau paradoxe dans le vécu parental ! D’un côté, ils regrettent l’unité familiale rompue, la brisure du cercle laissant un élément s’échapper et continuent de rêver à cet idéal d’être « ensemble tous les six », d’un autre côté la réalité quotidienne leur démontre que la vie quotidienne se déroule mieux quand le « grand » n’est pas tout le temps là et qu’ils ont tout le loisir de s’occuper des petits. De plus, le second s’enorgueillissant de prendre la place d’aîné, devient bien plus raisonnable…
Un nouvel équilibre cherche à s’installer.
Est-ce bien d’accepter tout cela ?
Y a-t-il autre chose à faire qu’accepter que la vie s’écoule au rythme des différences et de la souffrance des repas décousus ?
Accepter ne veut pas dire lancer le manche après la cognée et ne plus rien exiger ou régler par rapport au fonctionnement de la famille ! Ce n’est pas parce que l’enfant est devenu un jeune que la famille doit perdre ce qui fait sa consistance et sa cohérence. Les règles doivent rester de rigueur mais elles ne sont plus toujours applicables à la lettre et doivent parfois se plier à la réalité. Ainsi par exemple, l’heure du souper ne doit pas devenir hypothétique et imprévisible parce que « le grand n’est pas rentré » mais peut continuer à être programmé à 7h30 même si effectivement, de moins en moins souvent, à cette heure là, on se retrouve à six autour de la table. N’empêche celui qui, pour une raison valable et reconnue, n’a pas pu être présent au repas, trouvera bien un bon petit reste pour satisfaire sa faim !
D’ailleurs, les enfants grandissants, il n’y a pas que les ado qui s’absentent ; nombre de parents ont la sagesse de prendre régulièrement une soirée de détente, pour l’un se sera un sport, un autre optera pour l’académie ou l’œnologie ! Les parents ont aussi besoin de leur « famille sociale » !
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