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Enrayer la violence, c’est d’abord la comprendre

Un mouvement de violence destructive, semble être, ces dernières années, un des moyens dont l'humanité crie de plus en plus sa détresse. Dans ce siècle à peine entamé, pris dans la lancée matérialiste du siècle précédent, déjà marqué par la tendance à chosifier l’homme, à le déshumaniser, il est plus que nécessaire de chercher à comprendre le sens de ce qui nous arrive.

« L’arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse », nous dit un proverbe indien. La violence, de nos jours, fait beaucoup de bruit, ce bruit fait peur et nous questionne. N’est-il pas indispensable d’en comprendre le sens afin de ne pas devenir sourd à la forêt qui pousse, c’est à dire de faire l’impasse sur la spécificité de notre humanité porteuse potentielle de Sagesse et d’Amour.

Quel combat mener ?

Il est dit communément que « L’humain est d’autant plus violent qu’il est peu humanisé… » Quel combat mener ? Est-ce contre la violence qu’il faut se battre ou pour plus d’humanité ?

En suivant la première hypothèse l’idéal serait de chercher à éradiquer la violence pour laisser toute la place aux vertus d’amour et de solidarité. C’est oublier que notre univers est constitué d’une multitude de contraires : masculin-feminin, corps-esprit, matière-énergie, etc. L’opposition des contraires est universelle, elle n’est ni un phénomène purement humain, ni un phénomène pathologique étranger à la nature des choses, elle est normale et fatale !

Abandonnons donc cette idée d’immobilité et de mort qui serait de faire disparaître la Violence grâce à la Compassion. Ces deux éléments faisant partie du Vivant, n’irions-nous pas à l’encontre même des possibilités de l’humanité ?

Il ne nous reste alors qu’à envisager la deuxième solution : se battre pour plus d’humanité. Cependant, une chose est certaine : le seul programme génétique n’est pas capable d’humaniser ! L’humanisation du nouveau-né est la dette qui se transmet de génération en génération à chaque naissance. Le rôle de l’éducation est d’humaniser le petit de l’homme c’est à dire de l’aider à acquérir une Compassion, qui fasse de la Violence un lieu apprivoisé et fécond.

La trajectoire de la violence humaine.

La violence de la vie est présente dès la conception. A partir de ce moment, les cellules n’ont qu’un but : se multiplier. Elles croissent à une allure vertigineuse, car le fœtus se concentre sur un objectif, grossir, envahir. Et cela sans tenir compte de ce que peut subir la mère qui le porte !

Pendant sa première année de vie, le bébé va manifester une violence qui défend l’Etre et la Vie, elle ne s’adresse à personne ou à tout le monde. Cette violence, caractéristique de l’âge oral, témoigne d’un totalitarisme affectif qui, au moyen des pleurs et des cris, clame : « Je veux survivre, mon corps veut vivre et être plein ». Cette violence est la violence d’Etre qui veut tout absorber et tout avoir en soi. Cette violence défensive est vitale ! Elle bataille contre un mal invisible : « le manque » de quelque chose ou de quelqu’un. Elle a donc pour objet la sauvegarde de l’individu. Cette violence primaire, nous avons à l’accueillir malgré les temps difficiles qu’elle nous procure parfois…

Au bout de la première année de vie, grâce à son autonomie psychomotrice, apparaît chez l’enfant une nouvelle forme de violence. En effet, à cet âge, l’enfant commence à exister pour lui-même et il a besoin de mesurer son pouvoir sur son environnement. Apparaît alors une violence qui cherche à dominer, qui veut prendre et gagner. Elle va se manifester à travers les « Non » et les « colères » qui sont une première affirmation d’identité !

L’autorité pour apprivoiser la violence.

S’il est fondamental et indispensable pour son développement que l’enfant mette en scène des manifestations d’opposition, il est tout aussi important lors de la phase anale de lui faire comprendre que la toute puissance de son désir a des limites !

A l’instar de Jean Cocteau, l’enfant questionne le : « Jusqu’où puis-je aller trop loin ? » En réponse, il doit rencontrer quelqu’un qui lui dise « Jusque là et pas plus loin ! » En effet, un des buts essentiels de l’éducation sera de mettre en place des interdits, des limites qui règlent les rapports entre l’enfant et le monde. Ceux-ci ont pour but d’organiser le monde pulsionnel de l’enfant, de l’aider à « dompter » ses pulsions et non pas de les nier! Eduquer avec autorité ce n’est pas se livrer au vain combat d’éradiquer la violence mais aider l’enfant à l’apprivoiser en la transfigurant en saine agressivité.

Eduquer c’est humaniser un enfant, à savoir : ni tout lui interdire, ni tout lui permettre. C’est l’aider à trouver ce difficile compromis, où dans un même espace corporel et psychique une place est accordée tant à la Loi qu’au Désir propre. Un enfant qui n’a pas rencontré quelqu’un à qui obéir ne peut se réjouir d’être né !

Cela ne peut se faire sans la mise en place de la Loi : principe fondamental régissant les rapports entre les être humains. Elle représente un pacte social qui met en place des rituels de rencontre. La Loi fait alliance d’une génération à l’autre, elle met de l’inter-dit. C’est à cet âge qu’il faudra aider l’enfant à « parler sa rage » au lieu « d’agir son impuissance. »

Toute la question de la violence d’aujourd’hui sera de comprendre comment éviter de faire d’un enfant, un adulte furieux et sans mots !

La violence non humanisée

On peut appeler destructrice, la violence non humanisée qui crie :, “ Je manque de communication avec l’Autre! » Cri désespéré de grands enfants, d’ado ou d’adultes qui par une violence destructrice manifestent un vécu de non-reconnaissance en tant que sujet. N’ayant pas eu accès à des rituels de rencontre soit par l’accueil de la violence orale, soit par la mise de limites à la violence anale, il leur manque le sens de l’altérité, de l’empathie avec l’autre.

La violence destructrice est un cri dans le vide et est d'autant plus brutale que l’autre comme personne réelle devient moins accessible. Elle manifeste donc une défaillance des liens.

Ceci peut être du au sentiment d’avoir été sans communication ou avec une communication remplie de messages paradoxaux lors de la toute petite enfance. Cette frustration de l’exclusion peut aussi se mettre en place si dans les phases ultérieures de développement, l’enfant n’a pas été confronté à une autorité cohérente et conséquente. Sa violence primordiale n’est alors ni accueillie ni apprivoisée…

Cette solitude psychique entraîne une difficulté de la mise en place de la réflexion et de l’intentionnalité qui permettent par la parole la négociation avec l’autre. Donc le drame de la violence non humanisée est d’engendrer pour celui qui la vit, l’appauvrissement de la dimension symbolique d’une réflexion intérieure suffisante qui procure un sentiment de cohérence interne.

Conclusions

La Violence est un élément constitutif de toute vie car elle est un moyen de tenter d’échapper à des sentiments ou des situations vécues comme intolérables

Rappelons que ce n’est pas la violence en soi qui pose problème mais la violence non humanisée. Ce n’est donc pas de la Nature mais bien de la Culture que dépendent les excès de violence dont nous sommes témoins quotidiennement. Cette culture technologique et scientifique qui transforme l’homme en un objet. Un objet solitaire glorifié dans l’individualisme du chacun pour soi, du moi d’abord, détaché du groupe familial et social.

L’individu solitaire manque de liens, or ce sont ceux-ci qui permettent la transmission de valeurs qui nous enracine dans une histoire familiale et sociale. Le lien avec l’autre est aussi ce qui suscite la réflexion, la capacité de penser. La violence non humanisée d’aujourd’hui dénonce le manque à penser d’une modernité qui favorise la science, l’argent, la pensée simplificatrice et rationalisante. Et tout ce qui concourre à arrêter la pensée, vole la capacité d’être humain dans une humanité.

Aussi, face à un enfant ou un jeune, désinvestir une prise de position ferme, c’est de la barbarie, c’est donner libre cours à la violence. Ce qui nous humanise c’est l’acceptation du Droit et des Devoirs auquel chacun d’entre nous doit accepter d’être soumis.

Protéger les enfants contre la violence destructrice, leur apprendre à domestiquer leur propre violence, c'est d'abord aider les adultes à penser! Leur faire comprendre qu’en donnant la vie biologique, ils s’engagent à délivrer à l’enfant suffisamment de sollicitude, de limitations et d’interdits pour qu’il s’humanise.

C’est la responsabilité que nous prenons en mettant un enfant au monde. Si nous voulons plus d’humanité, n’avons-nous pas à réfléchir, comment au quotidien, sans s’en rendre compte, l’adulte violente l’enfant…. Mais cela c’est un autre article ! 

Mots clés: Autorité Violence Humanisation