Gare a un projet trop rigide
A la fin de sa vie, Byron déclara: " Au début de mon mariage, j'avais six principes et pas d'enfants. Maintenant j'ai 6 enfants et plus de principes!"
Tout au long de notre enfance et de notre adolescence, nous forgeons tous un projet à propos de l'éducation idéale à prodiguer à nos futurs enfants!
Heureusement d'ailleurs cela prouve notre désir de laisser une trace dans l'histoire de l'humanité.
Vient ensuite, dans la plupart des cas, le temps rêvé de la conception d' un enfant avec son corollaire de 9 mois de grossesse, période nous donnant tout le loisir, aux hommes comme aux femmes, de fignoler notre projet. Pour un premier enfant, encore plus que pour les suivants, pendant 9 mois, consciemment ou inconsciemment, repassant notre propre jeunesse au scanner, nous établissons les points de repères éducatifs, à nos yeux, incontournables pour "notre" enfant! Et un beau jour cet enfant tant attendu, tant convoité, rempli de tous nos espoirs, vient à naître dans sa réalité parfois si différente du rêve parental...
Il arrive, et c'est fort ennuyeux pour l'enfant, que les parents aient du mal à se départir du projet initial. Passe encore si l'enfant rêvé blond naît roux, ou s'il pleure plus que prévu et empêche ses parents de dormir en paix pendant trois mois. Par contre plus tard; les choses parfois se déroulent de manière plus ou moins dramatiques, si, ayant atteint l'âge d'une certaine indépendance de corps et de pensée, l'enfant agi de façon différente que celle programmée dans l'idéal éducatif. Que de parents sont consternés d'entendre le premier NON de leur enfant parfois à peine âgé de plus d'un an. Cet incident n'était pas prévu au programme! L'attitude négative de l'enfant est parfois prise de très mauvaise part.. Certains parents se retrouvent dépités pensant: "Mon enfant ne m'aime plus. Il refuse même sa nourriture préférée que j'ai préparé avec tant d'amour!"; d'autres réagiront avec une extrême violence la tentative de sortir du moule du projet parental car: "Que s'imagine-t-il donc cet enfant!". Essayons de comprendre la raison de leurs réactions.
Ne dit-on pas communément: " Les enfants sont le reflet de l'éducation prodiguée par leurs parents."? Par conséquent à parents parfaits, enfants parfaits! N'est ce pas là un préjugé dangereux? Encore plus redoutable lorsque les jeunes parents sont restés fort sensibles au regard inquisiteur de leurs propres parents sur l'éducation parfaite à prodiguer aux petits enfants. Ainsi, par exemple, le petit Stéphane refusait de dire bonjour à grand-mère. Celle-ci regardait sa fille d'un air très désapprobateur avec pour toute remarque: "Cela n'aurai pas été vrai de votre temps!". En d'autres mots elle reprochait tacitement à sa fille d'être incapable d'éduquer correctement son fils. Blessée et déstabilisée par les reproches de sa mère, la maman de
Stéphane ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à son enfant de la mettre dans la position où elle, à son tour, n'était pas la fille idéale souhaitée par sa mère...
Les enfants grandissant, vient le temps de l'école. Le "projet" parental retrouve à ce moment une bonne partie de sa vigueur! Les parents aiment être fiers de leurs enfants, une bonne réussite scolaire est une agréable gratification narcissique pour les éducateurs. Malheureusement on oublie parfois que le monde ne peut pas être peuplé que de premiers de classe! Dans trop de familles seuls les résultats scolaires comptent et les qualités de coeur, d'adresse, de sens artistique ou autres richesses passent inaperçues tant que l'enfant n'a pas 90% à exhiber en fin de trimestre. Que de fois ne rencontre-t-on des mères s'acharnant à "tirer un maximum" de leur enfant empiétant ainsi souvent sur la plage de temps prévue pour le jeu ...la situation ainsi crée est tellement stressante que l'enfant perd son assurance, ses capacités mentales se bloquent de peur de décevoir la mère. Alors face à l'incompétence de l'enfant les parents s'énervent installant un cercle vicieux infernal. La mère se sent (et d'ailleurs l'environnement la charge souvent tacitement ou ouvertement) responsable de l'échec scolaire et l'enfant pensera et dira parfois de lui-même: "Je suis un nul".
S'il est indispensable d'avoir un projet sur nos enfants celui-ci doit se révéler suffisamment pour pouvoir s'adapter à la réalité de l'enfant et des événements familiaux et sociaux.