Jeux s’amassent ! jeux s’entassent !
Inutile je pense, d’insister sur l’importance du jeu, sur le sérieux de cette activité ludique, si longtemps sous estimée par les adultes. D’ailleurs, actuellement, c’est tout le contraire ! Le jeu est devenu un outil commercial, que de peluches, de flipo, de bricoles de tous genres se cachant ou s’accrochant aux paquets de lessive, de petits salés et autres objets de consommation courante.
Et vive la consommation
Les enfants sont devenus LA cible du marché de la consommation. Quand ils ne sont pas sur les affiches sous formes de petits pois ou comme objet fétiche d’un couple attendri, les voilà récupérés via le jeu et les jouets !
Les parents de plus en plus stressés par une vie professionnelle exigeante, se retrouvent souvent culpabilisés d’avoir si peu de temps pour leurs enfants. Alors comment lui refuser d’acheter tel yaourt avec tel footballeur ou lui interdire de mettre dans le panier du ménage une petite voiture ? Après tout, elle n’est pas si chère en comparaison avec ce que coûte la vie quotidienne ! … « Pour faire plaisir à son enfant, que ne donnerait-on pas ! En plus, faut avouer que si je le lui refuse, il risque de faire une scène ou de bouder et le peu de temps passé ensemble s’en trouvera gâché. » Conclusion : le parent achète, tombe tout comme l’enfant dans le piège du marché de la consommation dont un des buts principaux est d’illusionner les familles quant à la possession d’un objet qui comblerait tous ses désirs. L’objet à peine acquis, voilà notre enfant qui, déçu par les promesses illusoires, part déjà à la recherche d’un nouvel objet, quelque chose d’autre, de mieux, de plus génial…et le cycle infernal commence : « Il n'est jamais content avec ce qu’il a, et pourtant je lui achète ce qu’il demande »
Jeux s’amassent, jeux s’entassent, jeux m’agacent
Et vive donc la consommation, cette usine à Avoir. Souvent, avant même d’être nés, bons nombres d’enfants se retrouvent avec leur chambre inondée de peluches ! Heureusement qu’il y a chaque année la Saint Nicolas des pauvres ainsi il y a quand même un exutoire moral à cette débauche encombrante de jeux…
Et en plus, n’entendons nous pas souvent des parents dire : « Il a tous ces jouets, je ne sais plus où les ranger dans sa chambre et il préfère encore passer son temps devant la télévision ! Comment est-ce donc possible ? »
Et oui, non seulement c’est possible mais c’est logique ! Réfléchissons ensemble sur la fonction même du jeu.
Trop is te veel !
Vous savez comme moi que si l’on commence 15 livres en même temps on ne se plonge réellement dans aucun. Ou encore si nos lectures se limitent à des petites revues de quatre sous, nous les parcourons pour ensuite les jeter car ce que nous y lisons ne vaut pas lourd et n’enrichit pas.
Eh bien, il en est de même pour les jeux et l’enfance ! Inondez vos enfants de jeux, même s’ils sont de haut niveau et de bonne qualité, ils ne pourront pas s’y investir réellement ; à la première difficulté pourquoi ne pas le pousser sur le côté et prendre un autre jeu. Trop d’opportunités déconcentrent, tout intéresse un peu et rien n’intéresse vraiment alors autant aller se vautrer devant la télévision. Là, ça bouge tout seul, cela ne demande aucun effort personnel, il suffit de voir défiler des images qui racontent une histoire qu’un autre, le réalisateur, a inventé pour lui-même à l’aide de son imaginaire. Or le but du jeu et une des activités essentielles de l’enfance est d’inventer pour soi ; le jeu que l’enfant invente, construit, assemble, ça c’est vraiment lui, l’énergie investie dans la tâche vient de lui, c’est sa création et il en est nourri ! A nous adultes, de veiller à ce que un jouet n’en cache pas un autre mais qu’au contraire il puisse être apprécié dans tous ses aspects.
Le jeu brol
Je vous parlais de ces revues distrayantes qu’on lit chez le coiffeur mais qui en fin de compte ne sont pas très enrichissantes (sauf pour le producteur de ce genre de navets !), je voudrais les comparer à toutes ces breloques en plastique et autres matières peu chaleureuses, dont les enfants se retrouvent inondés parce qu’on les leur met sous le nez du matin au soir. En effet, rares sont les comptoirs de magasin qui ne prévoient pas un petit gagne pain au travers d’un « brol made in china » à l’intention des enfants. Plutôt que d’inonder l’enfant dans toutes sortes de bizarreries dont il ne fera sans doute pas grand chose pourquoi ne pas plutôt l’inciter à faire une collection, à construire un projet à long terme.
La possession en soi n’est pas un mal mais il faut apprendre à gérer son Avoir pour qu’il ne vienne pas étouffer ou rendre notre Etre chaotique. Un enfant a besoin d’avoir des objets à lui, et les jouets sont par conséquent indispensables. Mais il faut l’aider à mettre de l’ordre dans l’Avoir. A prendre soin de ses choses, à les ranger, à aimer les regrouper et pourquoi pas lui apprendre à faire une collection.
Si l’on possède trop, du n’importe quoi, n’importe comment, il n’y a plus moyen d’apprécier. On dilapide, on n’apprécie plus, on jète, on casse, on perd et doucement s’installe le non -respect de l’avoir qui mène au non-respect et au désintérêt de soi et au désinvestissement du monde qui nous entoure.
L’abus conduit à l’irrespect et le pas à franchir pour devenir fasciste ou terroriste n’est pas grand…
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