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Le mi-mots nouveau est arrivé…

« Mymo » vient d’arriver sur le marché. Déguisé en chat, ce téléphone portable destiné aux enfants de 4 à 10 ans, a pour fonction essentielle d’être un baby-phone à distance. Trois touches, cinq numéros préenregistrés, une lumière clignotante, ce « parapeur » parental, ce cordon ombilical électronique permet à l’enfant de rentrer, à tous moments, en contact avec 5 adultes.

« Cela me rassure de savoir que mon enfant puisse me téléphoner en cas de besoin. » Disent nombres de parents. Mais comment l’enfant va-t-il apprendre à gérer seul une situation un peu difficile ou angoissante ? Avoir toujours quatre roues à son vélo empêche d’apprendre à rouler à deux roues…

Enfin rassurée ! A voir ?

Martine est soulagée. « Parfois pendant la journée je me ronge d’inquiétude concernant la quiétude et la sécurité de mes enfants. Equipés d’un Mymo, l’aîné peut m’avertir s’il est bien revenu de l’école, si on n’a pas oublié d’aller le chercher. Le puîné, quoique déjà en troisième maternelle,  a souvent des coups de cafard, il a besoin d’entendre régulièrement ma voix. Maintenant, au moindre souci, il peut m’atteindre ou moi l’appeler pour lui dire comme je l’aime et comme il me manque. » Cette soi-disant nouvelle avancée sécuritaire, qu’en penser ?  

En tout cas, elle engendrera un stress de plus côté parent ! Ne surtout jamais s’éloigner de son portable car si le petit appelait… Et l’adulte aura-t-il réponse à tout ? Comment va-t-il intervenir si l’enfant se plaint de son instit ou pleure parce que un autre l’a tapé ? A trop se mêler de la vie de son enfant, l’adulte risque de s’enchevêtrer dans des conflits de loyauté…

Et pour l’enfant ? Ce nouveau gadget lui facilite-t-il la vie ou au contraire la complique ? 

Où puisons-nous notre confiance dans la vie ?

Le « Allô bébé, ici maman » qu’offre le Mymo à toutes heures du jour, et pourquoi pas de la nuit, voilà qui risque de sérieusement fragiliser l’inscription du sentiment d’attachement durable des figures parentales vis à vis de l’enfant. « Mais que du contraire ! » penserait-on à première vue, « puisque l’enfant peut à tout moment contacter ses parents ! ». 

N’est ce pas le moment de rappeler que le sentiment de pérennité du lien s’élabore sur base de moments d’absence des premières figures d’attachement. C’est lorsqu’il est séparé de sa mère que l’enfant peut se mettre à « penser » sa présence. L’absence permet à l’enfant de maîtriser une perte. Les moments de séparation, lorsque le parent se met physiquement hors d’atteinte, permettent à la pérennité du lien de s’inscrire dans le psychisme. 

Il est vrai que les temps de séparation sont rempli de résonances affectives. Ils renvoient à des images, scènes, sensations qui évoquent l’idée de l’abandon. Le sommeil, par exemple, nous sépare d’une conscience et d’une maîtrise sur le monde. Pas étonnant que les enfants très fusionnels aient du mal à s’endormir sans la présence de l’adulte. 

Chaque jour apporte son lot de séparations, ce seront celles-ci qui, entre autres, fondent notre humanité. Savoir assumer des séparations permet que se mettre en place un processus d’individuation, de penser son propre corps doté d’une vie autonome et non fusionné à nos premières figures de réassurance. 

Mettant un délai entre l’expression d’un besoin et sa satisfaction, la séparation permet la mise en place de la pensée, de l’imaginaire. Les « figures parentales » imaginées parce qu’absentes, vont constituer le fondement de l’identité d’un enfant. Ces images vont l’aider à se consoler seul, vont lui permettre de supporter, d’affronter un certain nombre de difficultés ou de frustrations sans que ses parents ou sa mère n’interviennent rapidement ou soient en contact direct avec lui. 

Se sentir exister, c’est pouvoir s’imaginer relié.

Il est important que puisse s’inscrire : « J’ai une mère, non pas parce qu’elle est sans cesse à mes côtés ou parce que je peux l’entendre à tous moments mais parce que je sais que j’existe à ses yeux. Avoir une mère c’est avoir intégré le sentiment de ne pas être seul au monde. De ne pas être abandonné. » La confiance en soi et en l’autre s’appuie donc sur une possible symbolisation de la présence d’autrui. 

Et le Mymo dans tout cela ? Ce petit chat rempli de puces électroniques jouant la carte de la possible fusion à tous moments et en tous lieux, ne va-t-il pas à l’encontre d’une adaptation sécurisante à la Vie ? Au lieu de la confiance d’un « J’en parlerai à Maman à la sortie de l’école », la possibilité d’immédiateté empêchera d’élaborer une solution personnelle. Plus le temps de penser pour réfléchir comment s’adapter ou accepter un contre temps. « Non, vite appeler Maman, elle aura toutes les réponses à mes soucis. »

Rien n’est plus dévalorisant pour le narcissisme d’un enfant que de ressentir que sans le recours à sa mère ou à un autre adulte de référence, il ne peut rien. Cette constante et collante sollicitude parentale étouffe tout sentiment « de savoir s’en sortir seul ». Déjà, de nos jours, l’on s’étonne du nombre d’enfants qui souffrent de la sensation de « se sentir nul ». 

Le Mymo, rendant l’enfant encore plus dépendant et soumis au contrôle parental, n’en rajoute-t-il pas une couche ?. 

Nous y reviendrons la semaine prochaine.

Mots clés: Relation Ecrans Confiance Imagination