Le premier amour est capital
La relation au père a un grand impact sur la destinée amoureuse de leurs filles…
Voilà une phrase qui, sans doute, fera froncer les sourcils à plus d’un ! « En quoi aurai-je une influence sur les amours de ma fille ? » se demande Henri. « N’est ce pas plutôt l’identification au comportement maternel qui jouera un rôle capital ? »
Dans la construction d’une identité, les deux parents jouent un rôle essentiel
En général, le premier amour masculin d’une fillette sera son père. Je ne parle pas ici de père au sens biologique du terme, mais de père en tant que celui qui s’est engagé à prendre une part éducative dans la vie de l’enfant.
Nous verrons comment la relation précoce – ou le manque de relation – entre père et fille peut fortement influencer la manière dont l’enfant une fois devenue femme, orientera sa vie amoureuse. En effet, bien souvent une femme se choisira un mari qui d’une certaine façon se conduira vis à vis d’elle comme s’est comporté son père. Un père négligeant ou désintéressé par sa fille, un père qui a du mal à rassurer sa fille sur la valeur de sa sexuation, incitera celle-ci à choisir un homme qui adoptera avec elle des attitudes similaires.
Alice
A trois ans, Alice manifestait la découverte de sa féminité. Elle voulait des bagues, des bracelets et des jupes comme elle voyait en porter les femmes de son entourage. Sa mère n’était pas vraiment très coquette et son père était un peu étonné voire inquiet du comportement plutôt sexy de sa petite fille. Cela le mettait un tant soit peu mal à l’aise lorsqu’elle cherchait à grimper sur ses genoux pour se faire câliner. Il la redéposait assez vite à terre en lui disant qu’il avait des choses importantes à faire ou à lire…
Il avait, il est vrai, plus de plaisir à jouer au foot avec son fils et ne commença à s’intéresser à sa fille qu’à propos de ses résultats scolaires. Elle s’empressa donc pour avoir de la reconnaissance paternelle d’avoir toujours de bons points ! Peu sûre de l’intérêt de son côté féminin, elle calqua peu à peu son comportement sur ceux de ses frères. Adolescente, craignant les contacts avec les garçons, elle abandonna sa part de féminité en coupant ses cheveux à la garçonne et chercha à attirer l’attention via des sports de compétitivité.
Adulte, elle épousa un homme qui ne voyait pas en elle « la femme » mais plutôt une maîtresse de maison efficace, une mère besogneuse. Un jour, cette féminité en latence n’en pouvant plus d’attendre fit s’installer, sous des prétextes divers, une dépression… mais cela c’est une autre histoire.
Jeanne
Pour la petite Jeanne, les choses se passèrent bien différemment. Dès qu’elle fut en âge de différentier ses parents, son père découvrit rapidement les regards charmeurs que lui lançait sa fille. Emu de voir l’impact qu’avait son affection, il n’hésitait pas à lui répéter tout le bonheur qu’il éprouvait d’avoir une fille. Il savait la féliciter d’une nouvelle robe, observait ses clins d’yeux complices, remarquant une petite pince retenant une mèche rebelle, etc.
Il n’avait pas peur de la serrer tendrement dans ses bras, il n’était cependant pas dupe des tentatives que faisait sa fille pour reléguer la mère au second rôle ! Mais là, il ne laissa pas la fillette s’illusionner. « Tu sais ma petite Jeanne, tu es la petite fille adorée de mon cœur mais la femme de la vie de Papa, c’est Maman ! Ne t’en fais pas quand tu seras plus grande tu auras aussi de merveilleux amoureux car tu as tout ce qu’il faut pour te faire aimer. »
Constats
Des études faites sur le comportement sexuel des jeunes filles, démontrent qu’une adolescente qui a été rassurée au sujet de la valeur de sa féminité aura moins tendance à avoir des rapports sexuels de façon très précoce. Par ailleurs, une adolescente qui peut parler en toute confiance à un père qui la reconnaît dans sa féminité, aura plus tendance à se choisir un partenaire qui l’épanouit.
Par contre, des jeunes filles en manque de reconnaissance paternelle, frustrées de regards bienveillants sur leur féminité, risquent de mettre en place des relations affectives peu enrichissantes voire destructrices. Soit en multipliant leurs expériences sexuelles à la fois de façon précoce et non épanouissante essayant de donner du sexe pour recevoir un peu d’amour… Equation rarement payante ! D’autres refouleront cette part d’elles-mêmes, la considérant comme fragile et peu utile, d’autres encore mettront toute leur énergie à rivaliser avec les hommes…
Messieurs, passez-vous le mot, n’ayez pas peur d’aimer vos filles et de le manifester. Et cela pour le plus grand bonheur et l’harmonie des générations suivantes !