Nous avons un tout petit. Les « vacances » on oublie ?
Voici les portes des vacances prêtes à s’ouvrir ! Jacques rêve tout haut : « Cette année serons-nous au bord d’une plage du sud à regarder nos petits jouer au ballon ? Ou plutôt ne partirions-nous pas à la conquête d’un petit sommet chargé d’un sac à dos dans lequel voisine saucisson et fromage local ?
Et que penser d’une tournée en Ecosse à la recherche de ses fantômes légendaires ? » « Oublie chéri, notre troisième est un petit bébé, impossible de l’emmener dans ces endroits ! »…
Des vacances avec bébé, un rêve impossible ?
Avant même d’avoir commencé, les vacances sont dans notre tête remplies de projets pour au moins trois mois !!! Ne nous surprenons-nous pas de dire : "Ce livre je le lirai en vacances ; je profiterai des vacances pour m’entraîner à … ; quand nous serons en vacances nous irons voir untel ; je ferai tel voyage ; je me reposerai ; etc. » Nous entretenons des désirs contradictoires, comme celui de trouver un peu de solitude, du silence et de l’isolement, tout en espérant se rapprocher de tous ceux que l’on ne voit pas assez le reste du temps. Les deux nous sont nécessaires mais alors comment faire si en plus l’on se trouve en charge d’un tout petit enfant? Il y a des choix à faire.
Pour chacun, les vacances ont un point commun : on ne travaille plus ou en tout cas pas de la même manière. Etre en vacance, c’est faire autre chose. Mais tous les projets ne sont pas compatibles, surtout lorsqu’un couple se voit nanti d’un nouveau-né. Ce petit être impose des rythmes alors que justement les vacances c’est aussi un espoir de changer de rythme… De même il mobilise une bonne partie du temps quotidien alors que les vacances c’est pouvoir avoir du temps pour soi tout seul, et de l’espace pour le couple…
Quelles vacances seraient possibles ?
Le mot « vacances » renvoie à « vide », à des notions de liberté de permissivité, de possibilités. C’est un temps dont on peut disposer librement en dehors des occupations habituelles et des contraintes qu’elles imposent. Parlant de vacances, notre société nous fait miroiter que tout est possible et que ce qui prime est notre bien-être et notre bonheur et notre épanouissement individuel. Or, s’occuper d’un tout petit nous renvoie à une réalité différente. Prime ici son bonheur et son bien-être. Ainsi ce temps de loisir, le plus souvent, se voit envahi par les mêmes caractéristiques que le temps contraint c’est à dire non libre.
Alors, voyager avec bébé ? Où, quand, comment ? Que représente ce mot dans nos imaginaires réciproques ? A quels rêves renvoie-t-il ? N’avons-nous pas tous, de notre naissance à notre mort, tant de voyages à accomplir ? Tant de terres inconnues à découvrir qu’elles soient celles de l’intimité de l’âme ou celles qui s’étendent au-delà de notre ligne d’horizon habituelle ! Et si la présence d’un tout petit permettait de s’offrir un voyage inhabituel ?
Les vacances avec bébé. Pourquoi pas un retour aux sources ?
Chaque naissance est un nouvel émerveillement. Fascination devant l’arrivée d’un être, paradoxe de Dame Nature, à la fois si complet et si fragile. Face au destin d’une nouvelle vie, une série de questions nous interpellent, sociétale, économique, écologiques.
Les vacances les plus profitables seront peu-être celles qui permettront, dans la quiétude, de retrouver la Nature. L’urbanisme, la science et la technologie ont changé la vie et l’humain se retrouve bien souvent loin des sources de la Vie. Que devient notre vie sensorielle ainsi coupée de la nature ? L’environnement technologique que nous avons crée nous inonde de choses extraordinaires mais force est de constater que nous ne prenons plus le temps de « regarder » ou « d’écouter » le chant d’un oiseau, par exemple. Les images et les sons tellement omniprésents sont devenus une banalité quotidienne. Banalisation et accoutumance font que nous utilisons nos sens de façon différente. Solliciter l’acuité de nos sens est un voyage qui nous permet d’être aussi plus à l’écoute de notre « chant » intérieur.
La nature ne vient plus à nous, c’est nous de faire l’effort d’aller vers elle. Redécouvrir les valeurs de l’attente, du silence et de l’observation. Ce n’est guère aisé, car nous vivons dans un monde où il faut être le premier, le plus rapide, le plus combatif… Et si votre dernier né était une porte ouverte sur la sagesse ?
Les vacances n’est ce pas aussi pouvoir jouir d’être là, tout simplement, « vivant » ? Avec bébé comme miroir et source de réflexion ?
Assumer de prendre des vacances avec un bébé nous permet de retrouver en vacances ce qui fait la trame de nos vies : la nécessité de choisir, l’art du compromis et la soumission au principe de réalité. Mais ce n’est pas triste pour autant, c’est la vie ! Pour bien vivre vos vacances, pour ne pas les nourrir de regrets, soyez vigilants de choisir un « voyage » qui correspond à vos aspirations profondes et ne vous laissez pas embrigader dans une formule qui n’apporterait pas la détente nécessaire. Comme dans toutes situations, laissez venir vos rêves et vos fantasmes et triez parmi eux ceux qui sont jouables. Faites des priorités. Et si vous ne vous êtes pas trompés, vous allez passer d’excellentes vacances.