Oser exister
Diane Drory
Alice, âgée de 2 ans et demi, reste sans cesse collée aux jupes de sa mère.
" Si encore, le fait d'être sans arrêt avec moi, la rendait heureuse et gaie ! raconte Marie, sa maman.
Mais trop souvent, elle me court après en geignant, se cogne, tombe, pleure pour que je la ramasse, que je la cajole. Je n'ai pas que cela à faire ! "
En écoutant Marie poursuivre son récit, nous constatons qu'à aucun moment, elle ne ferme une porte entre elle et sa fille - même pas celle des toilettes...
Paradoxalement, à aucune occasion, Marie ne se rend totalement disponible à sa fille. En d'autres mots, aucun instant de la journée n'est spécifiquement voué à une activité entre mère et fille.
Les garçons, eux, en rentrant de l'école font leurs devoirs avec maman, qui, à ce moment, est toute à eux. Elle ne s'occupe de rien d'autre, même pas d'Alice, en tout cas pas d'Alice...Aux yeux de la gamine, à cette occasion, ses frères non seulement lui volent la mère, mais de plus l'empêchent d'espérer qu'à ce moment-là , peut-être, enfin, Maman aura un peu de temps pour elle. Double raison d'avoir le coeur gros et le corps gauche.
Vive d'esprit et pleine de bonne volonté, en s'écoutant parler, Marie déduit : " Après tout, si Alice me poursuit ainsi de chambre en chambre sans me laisser une seconde de paix, c'est peut-être dans l'espoir qu'à un moment, je serai là, rien que pour elle. Pourquoi ne pas plannifier du temps pour ma fille? De plus , ayant eu son dû, la fillette m'autorisera à prendre, sans culpabilité, un peu de temps pour moi, rien que pour moi ! J'adore ma fille mais avec elle, il n'y a pas moyen de lire, pas même une revue, sans celle elle vient m'interrompre. Parfois j'ai le sentiment qu'elle me pompe l'air..."
L'idée de Marie me semble lumineuse. Ayant eu sa mère toute pour elle, Alice pourra observer Marie qui osera prendre du temps pour elle-même, pour se faire plaisir.
Une maman ayant donné du temps pour jouer, pour raconter une histoire ou pour tout simplement rire ensemble est une maman dont on sent vraiment qu'elle vous aime. Une maman qui sait prendre du temps pour elle-même, pour s'épanouir est une femme qui s'aime et se respecte en tant que personne.
Alice aura-t-elle encore besoin de pleurnicher, de tomber, d'être godiche, à l'exemple de sa mère, tout le plaisir de faire ou de penser pour soi? Soutenue par les bons moments à deux, Alice découvrira la joie d'exister pour soi, rien que pour le plaisir d'être là, vivante, avec ses défauts et ses qualités, avec ses forces et ses faiblesses.
Alice, âgée de 2 ans et demi, reste sans cesse collée aux jupes de sa mère.
" Si encore, le fait d'être sans arrêt avec moi, la rendait heureuse et gaie ! raconte Marie, sa maman.
Mais trop souvent, elle me court après en geignant, se cogne, tombe, pleure pour que je la ramasse, que je la cajole. Je n'ai pas que cela à faire ! "
En écoutant Marie poursuivre son récit, nous constatons qu'à aucun moment, elle ne ferme une porte entre elle et sa fille - même pas celle des toilettes...
Paradoxalement, à aucune occasion, Marie ne se rend totalement disponible à sa fille. En d'autres mots, aucun instant de la journée n'est spécifiquement voué à une activité entre mère et fille.
Les garçons, eux, en rentrant de l'école font leurs devoirs avec maman, qui, à ce moment, est toute à eux. Elle ne s'occupe de rien d'autre, même pas d'Alice, en tout cas pas d'Alice...Aux yeux de la gamine, à cette occasion, ses frères non seulement lui volent la mère, mais de plus l'empêchent d'espérer qu'à ce moment-là , peut-être, enfin, Maman aura un peu de temps pour elle. Double raison d'avoir le coeur gros et le corps gauche.
Vive d'esprit et pleine de bonne volonté, en s'écoutant parler, Marie déduit : " Après tout, si Alice me poursuit ainsi de chambre en chambre sans me laisser une seconde de paix, c'est peut-être dans l'espoir qu'à un moment, je serai là, rien que pour elle. Pourquoi ne pas plannifier du temps pour ma fille? De plus , ayant eu son dû, la fillette m'autorisera à prendre, sans culpabilité, un peu de temps pour moi, rien que pour moi ! J'adore ma fille mais avec elle, il n'y a pas moyen de lire, pas même une revue, sans celle elle vient m'interrompre. Parfois j'ai le sentiment qu'elle me pompe l'air..."
L'idée de Marie me semble lumineuse. Ayant eu sa mère toute pour elle, Alice pourra observer Marie qui osera prendre du temps pour elle-même, pour se faire plaisir.
Une maman ayant donné du temps pour jouer, pour raconter une histoire ou pour tout simplement rire ensemble est une maman dont on sent vraiment qu'elle vous aime. Une maman qui sait prendre du temps pour elle-même, pour s'épanouir est une femme qui s'aime et se respecte en tant que personne.
Alice aura-t-elle encore besoin de pleurnicher, de tomber, d'être godiche, à l'exemple de sa mère, tout le plaisir de faire ou de penser pour soi? Soutenue par les bons moments à deux, Alice découvrira la joie d'exister pour soi, rien que pour le plaisir d'être là, vivante, avec ses défauts et ses qualités, avec ses forces et ses faiblesses.