Peut on aimer ses enfant de façon pareille
Nombre de parents angoissent à l’idée qu’ils pourraient aimer un enfant plus qu’un autre ou s’étonnent de ce qu’un enfant se sente moins aimé alors qu’ils estiment donner le même amour, les mêmes choses à chacun.
L’amour égal pour chacun est impossible !
« Je ne comprends pas pourquoi Jacques est éternellement insatisfait. Nous aimons tous nos enfants de façon égale. Nous faisons très attention de ne pas faire de différence. » Aimer ses enfants de manière égale est impossible ! Et tant mieux. Chaque enfant est singulier et aimer différemment ne signifie pas aimer moins ! De même un enfant aime son père et sa mère de façon différente cela ne signifie pas qu’il aime moins l’un que l’autre. Il les aime pour ce que chacun lui apporte.
De même, chaque enfant, de par sa différence innée, réveille en nous d’autres émotions, ce sont celles-ci qui façonnent une parentalité différente envers chaque enfant. Nos réactions ne sont-elles pas différentes avec un premier né d’avec un dernier-né ? Ces enfants, nés à des tournants différents de notre vie, comment pouvons-nous imaginer pouvoir tisser avec chacun d’eux des liens similaires? Le simple bon sens doit nous faire accepter l’évidence quitte à devoir repenser nos idéaux !
Ce lien, bien sûr, dépend aussi du sexe de l’enfant et évolue avec l’âge. Ainsi, par exemple, face à l’adolescence d’un fils, une mère réagira bien différemment que s’il s’agit d’une de ses filles !
Tous les enfants ne sont donc pas égaux face à leurs parents puisqu’il est impossible pour ceux-ci d’agir de façon identique avec chaque enfant ! .En conclusion, force nous est imposée de devoir admettre que face à chacun de nos enfants, nous ne sommes pas pareils, qu’on se le dise !
L’amour serait-il le seul paramètre du lien parents-enfant ?
C’est une vision très réductrice que d’imaginer que pour le nouage du lien parent-enfant qu’il n’y aurait qu’une question d’amour en jeu ! Ce lien est bien plus complexe, il fait partie d’un des liens les plus complexe que l’adulte ait à tisser au cours de sa vie.
D’abord parce que dès sa conception et à fortiori dès sa naissance, l’enfant est pour son parent un lieu de « projection », de « répétitions » de ce qui a noué l’histoire du parent avec ses propres parents. A l’arrivée d’un enfant, se réveillent les souvenirs inconscients de la manière dont, au contact de son entourage, le parent a façonné sa sensibilité, son esprit et son corps. Ainsi, dans le face à face avec son enfant, l’adulte, sans le savoir, retraverse des pans de sa propre histoire et chaque enfant vient en révéler un autre aspect…
De plus, pour rendre ce lien encore plus complexe, chaque enfant, à nul autre pareil, arrive avec la réalité de corps et de caractère qui lui est propre! Chaque trait de caractère de l’enfant se nouant de manière particulière et unique avec le caractère et l’histoire du parent, la toile de fond de leur relation se tisse au fil des jours et des années.
C’est quoi aimer ?
L’amour ne se mesure pas en quantité. Il ne se décrit pas en unités mesurables. Si l’on croit qu’aimer est question de quantité, qu’il s’agit d’aimer « beaucoup », de faire attention de ne pas aimer « moins », de s’interroger sur comment « aimer plus », ne risquons-nous pas, dans ce cas, de nous embarquer dans une galère de culpabilité ?
Il vaut donc mieux regarder l’amour sous un autre angle ! Accepter que ce qui caractérise le don d’amour, c’est la spécificité de ce qui l’habite, sa couleur, sa mélodie. Plutôt que de quantifier par le « combien j’aime ? », question dont la réponse est impossible, il vaut mieux s’interroger sur le « comment j’aime ? », « que puis-je faire pour aimer « mieux » ». Lorsque l’amour est qualitatif, chaque lien affectif est différent, c’est ce qui le rend unique et tellement riche…d’amour.
Admettre que l’on n’aime pas « pareil » chacun de nos enfants ne signifie pas qu’on les aime « plus » ou « moins » mais seulement qu’on les aime différemment. D’ailleurs, il en est de même pour toutes les personnes que nous aimons car comme le dit très joliment Claude Halmos : « Les amours sont comme les chansons, elles n’ont pas toutes les mêmes paroles, pas toutes la même musique… »
De cette différence nous parlerons la semaine prochaine.
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