Punir sans prendre parti inspire le respect !
« Mes deux enfants n’arrêtent pas de se disputer. J’en veux à l’aîné de ne pas être plus raisonnable. Bien sûr, je sais que le second le provoque. Mais comme il est plus grand, il devrait ne pas tomber dans le piège, et savoir-faire semblant de rien.
Non, il s’allume comme un feu de paille à la moindre étincelle, et vlan, voilà un coup qui part. Il ne connaît pas sa force. J’ai beau le punir à chaque fois, il recommence. Ces disputent m’épuisent et la mésentente entre eux me désole. J’avais rêvé d’autre chose… »
Nombre de parents se retrouvent face à des situations similaires. Et croyant devoir défendre le petit contre le grand, à leur insu, ils délivrent à l’un l’étiquette de bourreau et à l’autre celle de victime. Aucun de ces statuts n’est enviable et ne permet une insertion et une adaptation à la vie heureuse et harmonieuse. Et comme, nous le savons tous, les étiquettes ont la vie dure, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant d’en coller une !
De l’importance de respecter l’ordre des générations.
En prenant le parti pour l’un que l’on imagine à tord plus innocent parce que plus petit, cette mère fait alliance avec lui contre l’aîné, contre son frère… contre un autre de ses enfants.
En agissant ainsi, que se passe-t-il ? Regardons-y de plus près. Quoique partant d’un bel idéal, voici que se met en place une structure familiale malsaine. L’alliance inter générationnelle d’un parent avec un de ses enfants et contre un autre de ses enfants, sabote l’alliance intra génération c’est à dire la complicité entre les enfants. Le respect des strates des générations est indispensable si l’on souhaite, à long terme, une entente harmonieuse au sein d’une famille.
Pourquoi craindre la confrontation d’une génération face à une autre ? C’est ainsi que les jeunes forgent leur identité et leur différence par rapport à leur aînés ! L’opposition d’une génération face à une autre permet à l’enfant de grandir dans sa différence et de s’identifier à ses pairs. Tandis que les alliances entre personnes de générations différentes peuvent engendrer des loyautés dysfonctionelles.
Comment intervenir ?
Mais que faire, alors, en cas de disputes ? Pour court-circuiter tout discours du genre « C’est pas moi qui ai commencé, c’est l’autre qui… », mieux vaut prendre le sage parti de ne prendre aucun parti ! Si les choses vont trop loin, que cela fait trop de bruit, si les agressions physiques dépassent les limites acceptables pour l’adulte, ce dernier est en parfait droit de sévir pour que la paix revienne. Plutôt que d’accuser l’un, de raisonner l’autre, de protéger d’un, de rendre justice au nom de l’un vis à vis de l’autre, pourquoi ne pas les séparer sans autres commentaires. Qu’ils réfléchissent à leurs actes et que le calme revenu, ils se retrouvent ! Pour éventuellement avoir à assumer ensemble une tâche réparatrice s’il y a eu un dégât collatéral…
Punir les deux partis, les mettre à distance l’un de l’autre sans chercher à savoir qui a fait quoi. Sans doute est-ce plus sage car de toute façon l’adulte ne cernera jamais le fond de l’histoire, alors autant ne pas s’en mêler !
Cette solution d’apparence injuste répond cependant à un sentiment intense de sécurité : ce qui vaut pour l’un, vaut pour l’autre. Il n’y a pas de préférence… Ainsi, au lieu d’être confronté à une situation de rivalité, issue du regard de l’adulte qui déterminerait que l’un est le « pauvre agressé » confronté à fréquenter un « méchant agresseur », les enfants mis sur pied d’égalité. C’est ainsi qu’ils pourront devenir complices ! Et débattre ensemble de cet adulte « qui est vraiment nul et n’a rien compris… »
Et cette complicité n’est-elle pas justement ce dont nous rêvons tous pour nos enfants ? Cerise sur le gâteau, l’attitude impartiale met en place un sentiment de respect pour l’adulte…
Inspirer le respect, c’est quoi ?
C’est l’art d’imposer une autorité par charisme et non par cris ou coups. C’est ne pas fermer les yeux sur les mensonges. C’est ne pas laisser se répandre des rumeurs. C’est refuser de rentrer dans des querelles entre les enfants. C’est être sourd aux jérémiades (à ne pas confondre avec soucis) C’est ne pas revenir sur une décision pour la simple raison qu’elle déplaît à l’enfant ! C’est de ne pas se laisser entraîner à manifester une préférence d’un enfant vis à vis d’un autre.
C’est réprimander sans humilier.
Mots clés: Education Respect Génération