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Quand la peur nous tient au ventre

Que penser de ces « maux de ventre » dont se plaignent tant d’enfants ? Selon sa propre histoire ou encore selon sa formation professionnelle l’adulte entend cette plainte enfantine avec une oreille différente.

Pour certains tout cela ne sont que fadaises d’imagination pour se faire remarquer ou dorloter, pour d’autres il faut ouvrir ce ventre « pour aller voir » et hop voilà l’enfant sur le billard, pour d’autres enfin il y a moins à voir qu’à entendre…

Melanie

Mélanie a 9 ans. Elle passe quelques jours de vacances chez sa grand mère, celle-ci favorise une des activité favorites de l’enfant : faire des figurines en terre glaise.

A un ami en visite chez la grand-mère l’enfant raconte qu’elle a mal au ventre. « Effectivement, surenchérit celle-ci, aux dires de ma fille, Mélanie se plaint souvent de maux de ventre ».

« As-tu mal avant, pendant ou après le repas ? » questionna l’ami.
« Parfois avant, parfois pendant et parfois après » fut la réponse et puis elle ajouta « Et parfois dans mon lit, le soir. »
Il continua : « Dors tu bien ? »
« Ben non, parce que la nuit j’ai mal au ventre à cause des monstres qui m’attaquent » répliqua la fillette.
« Des monstres qui t’attaquent ! renvoie l’ami d’un air mi-inquiet, mi-amusé, et comment fais-tu pour te défendre ? »
« J’ai très peur, mais quand il vient top près, je jette ma couverture sur lui et je tape dessus avec un objet lourd parfois un gros marteau ou un bâton » expliqua-t-elle .
Et lui d’acquiescer : « Voilà une bonne manière de venir à bout de ton monstre. As-tu déjà pensé à d’autres manières d’échapper à ton monstre ? »
Ils dévisèrent sur la possibilité de s’enfuir à la vue du monstre mais conclurent que ce n’était pas une bonne réaction car la peur de voir apparaître la monstre à l’improviste empêche d’être « cool ».
L’ami suggéra : « Tu peux aussi essayer de faire du monstre un ami. »
L’enfant écarquilla les yeux et avec un grain de malice demanda : « Comment ? »
« Eh bien en lui donnant un sucre par exemple ! » compléta-t-il.
« Mais je n’ai pas de sucre. »
« Pas de problème, tu en fabrique un dans ta tête de la même manière que tu fabrique ton marteau ou ton bâton ! poursuivit-il, Ainsi s’il devient ton ami, au lieu de t’attaquer il te protégera. »
L’enfant s’enthousiasma à cette idée et l’ami d’ajouter : Toi qui aimes faire des figurines, tu pourrais faire le portrait de ton monstre avec la terre glaise de grand mère. »

Détrompez-vous, l’ami n’est pas un psy obsédé par les angoisses des autres mais simplement un homme de cœur comme nombre d’entre nous et qui de surplus prend les histoires des enfants au sérieux et respectant leur étrange réalité cherche à y apporter des réponses simples et de bon sens.

D’où viennent les monstres ?

S’il avait été psy, il aurait su que les maux de ventre sont souvent liés à des peurs car le ventre est le siège des émotions. Or l’enfance loin d’être le paradis perdu comme le pensent certains adultes , est traversée de passes de fortes turbulences émotionnelles. Les peurs de monstres dont parlent souvent les enfants ne sont autre que la peur de l’adulte avec ses grands yeux qui parfois s’allument de colère, ou encore dont la bouche qui lors d’un coup de gueule d’énervement découvre de grandes dents ! Le monstre peut aussi être l’image de l’agressivité de l’enfant à l’égard de l’adulte. Lorsque l’adulte empêche l’enfant d’agir comme il l’entend, ce dernier sent se réveiller en lui un ogre qui ferait bien la peau à cet empêcheur de tourner en rond !

Des monstres (dragon, ogre, dinosaures, bandits ou autres figures effrayantes et dangereuses) nous en avons tous au fond de notre cœur. Ils sont nos peurs (d’être écrasé – battus- dépassés ou encore de détruire l’autre – de l’anéantir), celles qui, comme on dit dans le langage populaire, nous prennent parfois aux tripes, nous empêchant de manger, de dormir ou simplement de vivre harmonieusement. C’est des tripes que partent le fait d’être blanc de peur ou étouffé de rage.

Notre cheminement à travers la Vie nous amène, quand tout va bien, à apprivoiser nos peurs et à nous en faire des alliées. Qu’on se le dise, l’amour de soi conduisant à l’amour de l’autre est le meilleur anti-dote de la peur, d’ailleurs ce n’est pas la peur qui est à craindre c’est le fait de se laisser dominer et guider par elle…

Le monstre de Mélanie

L’après midi même du petit intermède avec l’ami de la grand mère, Mélanie s’attela à la tâche de la confection de son monstre. Elle le dota de superbes gros yeux globuleux, d’une gueule ouverte ornée de dents acerbes. De forme trapue, il ne manque pas de griffes pour attaquer ou se défendre.
Depuis lors, chaque nuit, bien juché sur la table de nuit, il veille sur le sommeil de l’enfant. Comme il est devenu son ami elle n’a plus de raison de craindre la vulnérabilité  dans laquelle nous plonge le sommeil.