Réponses à "Mon enfant est diagnostiqué hyperkinétique"
Décidément, les articles « Surdoué, mon enfant ? », « Boulimie, quand tu me tiens… » et « L’enfant tornade » ne vous ont pas laissés indifférentes ! Certaines lectrices espèrent « que des corrections seront faites dans le journal ». D’autres demandent « un vrai article ».
Qu’est ce que cela signifierait ? Un article apportant des corrections à ce qui n’aurait pas été dit de LA vérité sur ces thèmes ?
Je crains hélas, que LA vérité n’existe pas, seuls existent des points de vue ! Ce qui est intéressant et constructif, c’est l’échange de ces points de vue car cette dynamique entraîne un mouvement. Rappelons-nous que la base même du vivant se trouve dans le mouvement de la communication., cela déjà au niveau des organismes les plus microscopiques et des cellules. La croyance en une Vérité unique et immuable nous ferait tomber dans la stagnation de l’immobilisme mortel.
Petite remarque concernant une lectrice qui s’insurge de ce que j’associe la boulimie avec un manque de mouvement ou de mauvaises habitudes alimentaires. Si tel était mon avis, je comprendrais ses reproches. C’est justement pour cette raison, j’ai scindé cette question en écrivant deux articles différents car en aucun cas il ne faut confondre surcharge pondérale avec le symptôme de la boulimie. Je me permets de rappeler ici que si une surcharge pondérale est un « mal » de notre époque parce certains enfants bougent trop peu ou mangent mal, cela n’a rien à voir avec une dame qui écrit « Un de mes enfants, en quelques semaines : 10-15 kgs de plus. » Une si rapide modification pondérale est bien plus à entendre du côté de la boulimie, symptôme qui témoigne d’une importante difficulté émotionnelle face à la vie. Et face à cela, croyez-moi, il ne suffit pas de dire à votre enfant qu’il est aimé comme les autres. Cela c’est certainement vrai mais ce n’est pas parce que vous le dites que l’enfant va vous croire, il a droit à un autre point de vue…Il exprime un désarroi en mangeant sans limites…
Passons aux questions concernant l’enfant surdoué. Certaines lectrices expliquent les difficultés rencontrées par leur enfant(s) « détectés » surdoués. « …il se sentait nul et incapable de comprendre quoi que ce soit… …il fallait le rassurer et lui faire comprendre qu’il était aussi capable qu’un autre de réussir sa scolarité… …certains cours lui semblent trop faciles, ennui en classe, il remet en cause l’intelligence du prof, se rend intéressant en faisant des pitreries…etc. » Une autre lectrice parle de son fils cadet « surdoué » qui s’ennuie, il reconnaît qu’il n’a pas besoin d’étudier, il comprend difficilement que les autres enfants ne comprennent pas la leçon. Selon elle, son fils aîné a rencontré les mêmes problèmes psychologiques que son petit frère du fait de ne pas avoir été reconnu surdoué plus tôt ! Ces contextes et expériences diverses de parents dont l’enfant est répertorié surdoué, laissent rêveur. Faut-il coller une étiquette de surdoué à tout enfant qui s’ennuie en classe et comprend vite la matière à assimiler ?
C’est « L’enfant tornade » qui a suscité le plus de réaction, les mères explicitant comment leur enfant se sentait aidé, se concentrait mieux depuis la prise de Rilatine. Il y a incontestablement une série d’enfants qui sont aidés par ce médicament, le danger en est la banalisation ; le diagnostic de TDAH ne doit pas devenir un fourre-tout dans lequel tout enfant qui ne tient pas en place doit être casé ! Les mères qui réagissent à l’article explicitent qu’elles sont entourées par d’autres aides, qu ’elles ont pensé la chose, ce sont des parents qui savent que ce n’est pas un produit miracle mais efficace en cas de réelle TDAH. Souvent, je reçois en consultation des parents prudents à qui l’une au l’autre personne bien pensante (non médecin) aurait suggéré de donner de la Rilatine à leur enfant trop remuant. Ces parents se rendent compte que donner un médicament n’est pas sans conséquence et viennent chercher un avis. Dans ce cas, nous cherchons ensemble le sens ou la cause de cette instabilité motrice et très souvent les symptômes de l’enfant, agitation et manque de concentration, disparaissent avec la compréhension du malaise qui taraudait l’enfant. Dans d’autres cas, un examen neurologique s’impose et lorsqu’un diagnostic ( suite à des examens sérieux) de TDAH est établi, la prescription de la Rilatine est de grande utilité. Comme l’écrit avec sagesse une lectrice : « Il est indispensable de faire la différence entre un enfant turbulent et un enfant pathologiquement « hyperactif » ou encore un enfant ayant un déficit d’attention sans hyperactivité. » Elle poursuit en parlant des effets secondaires dont par exemple l’apparition de tics nerveux. Catégoriquement, dit-elle, dans ce cas le traitement est purement et simplement arrêté. De mon expérience je sais que ce n’est pas toujours le cas et que les enfants souffrent alors des réactions de leurs condisciples face à ces tics !
Dernière réflexion : « De nombreux parents et moi-même affirme que dans la plupart des cas, les conseils et les techniques comportementales ne peuvent être efficaces que si l’enfant est médicamenté. » S’il est évident que souvent (mais pas toujours !) les psycho-stimulants sont une aide qui permet à l’enfant d’être réceptif et de mieux gérer son impulsivité, je reste pour ma part, intimement persuadée qu’avant de vouloir changer un comportement il est important de comprendre pourquoi et comment celui-ci s’est mis en place ! Dans ce cas, un changement d’attitude peut se marquer en profondeur et ne pas être une modification de comportement en surface, juste de quoi donner le change face à un regard extérieur. De toute façon, qu’il s’agisse de questions qui habitent l’enfant quant à la place qu’il doit occuper ou une souffrance d’un autre ordre, ce qui soutient ce comportement réapparaîtra par un autre biais, cherchera une autre voix, une autre voie, pour se faire entendre…Mais là, à nouveau c’est une question de point de vue. Pour d’autres, la recherche du sens d’un symptôme est sans intérêt et seule compte la disparition de ce qui dérange.
Je remercie toutes celles qui se sont données la peine de réagir à mes articles même si c’était pour les réprouver ! La rubrique « Les choses de la vie » (dont je suis responsable depuis maintenant 10 ans) est un espace destiné à ouvrir les horizons, à traduire le sens de certains comportements ou symptômes dont peuvent souffrir les enfants. Evidemment parfois un autre regard que celui que nous sommes habitués à porter sur les choses, peut faire choc surtout quand dans une même fratrie (comme cela semble être le cas pour plusieurs d’entre vous) ont été « détectés » des enfants hyperkinétiques et/ou boulimiques et/ou surdoués…
Mots clés: Contrôle Hyperkinétique Souffrance Place Nourriture