Réussir en première année, un cauchemar
Diane Drory
Pour un enfant de 6 ans, réussir sa première année primaire est une notion souvent hors de portée de son entendement!
Pour l'adulte, réussir une première année primaire signifie que l'enfant termine son année avec un acquis de connaissances quantifiées par 70, 80 où 90 % suivant l'ambition que ce même adulte projette dans l'enfant.
" C'est important de réussir à l'école ", " Fais ceci ou cela pour être le meilleur à l'école ",
" Pour réussir sa vie il faut réussir à l'école " ou encore " Tu dois être le plus fort à l'école ",
autant de petites phrases répétées à longueur d'enfance.
Gare aux malentendus...Il arrive souvent que l'enfant y mette une signification propre, un sens complètement différent de celui de l'adulte !
En voici un exemple.
Stéphane a 12 ans, il est rentré en première rénové. Au second trimestre, tout d'un coup, lui élève brillant, voit ses points chuter en flèche à cause de cauchemars répétitifs. Ecoutons-le :
" Tous mes cauchemars ont trait à l'école. Je me fais gronder, je rate mes examens et ce qui me fait le plus peur, c'est quand le professeur me regarde d'un air fâché et dit avec violence : " Stéphane ! ".
Alors, je sens le sol se dérober sous mes pieds, je sais que je frôle la retenue et je me réveille en sueur ". L'angoisse, pour Stéphane, c'est qu'à l'école il arrive " en vrai " ce qui se passe dans les cauchemars. " Il y a des moments où je ne sais plus si je suis dans un rêve ou si cela se passe en vrai. J'ai peur de rater mon année, ma vie ".
L'adolescence, âge de la deuxième chance, donne l'occasion de revivre afin de la résoudre, les difficultés de la petite enfance restées incomprises ou traumatisantes. C'est pourquoi j'ai demandé à Stéphane de me raconter ses débuts à l'école.
" Ma famille m'avait bien expliqué que c'était important de réussir sa première année scolaire.
Quand on est fort à l'école, on est fort dans la vie. Quelques jours après la rentrée en première primaire, je remarquai que mes camarades de classe se tapaient continuellement l'un l'autre.
J'en ait déduit qu'il fallait taper pour réussir sa première année.
A la maison je n'avais pas appris à taper, les autres se moquaient de moi. Je me sentais mal, je m'énervais et je tapais dedans. Mais je ne savais pas taper comme les autres, chaque fois, le professeur me voyant, faisait des yeux fâchés et disait " Stéphane ! ". Comme dans mes cauchemars, il disait que c'était mal de taper comme je le faisais. Je croyais qu'il ne voulait pas que je réussise mon année. J'avais peur. Mes points n'étaient " pas bons ", mes parents m'annonçaient avec angoisse que je raterais mon année. Dans mon coeur, leurs yeux aussi disaient : " Stéphane ! avec un air fâché.
En deuxième année, j'ai suivi les conseils des adultes, je ne tapais plus quand on me tapait.
" Ne pas réagir ", je ne comprenais pas pourquoi ils me disaient cela. Ce n'est qu'en troisième
que j'ai compris que réussir, c'était avoir des beaux points. Comme je voulais que le professeur croit que je voulais réussir, je me suis mis a hyper bien travailler. Le prof, content de son brillant élève, faisait applaudir mes beaux points par la classe. Mes parents étaient fiers mais tous les élèves me traitaient de chou-chou et je n'avais pas d'amis...Maintenant, en première humanité, on cogne de nouveau à la récré, je n'ai plus envie de me laisser faire, je ne veux plus être le gnan-gnan du professeur, je veux avoir des amis. Et des beaux points. Peut-être est-ce pour cela que je fais des cauchemars ? " Je pense bien que la réponse est " oui " ;
Laissons le mot de la fin à Nestor, actuellement en première année primaire : " Les parents sont bêtes parce qu'ils croient qu'être le meilleur ce n'est qu'avoir des bons points. A l'école être le meilleur, le plus fort, ça peut être aussi celui qui court le plus vite, ou celui qui saute le plus haut. Ou encore celui qui tape le mieux...
Pour un enfant de 6 ans, réussir sa première année primaire est une notion souvent hors de portée de son entendement!
Pour l'adulte, réussir une première année primaire signifie que l'enfant termine son année avec un acquis de connaissances quantifiées par 70, 80 où 90 % suivant l'ambition que ce même adulte projette dans l'enfant.
" C'est important de réussir à l'école ", " Fais ceci ou cela pour être le meilleur à l'école ",
" Pour réussir sa vie il faut réussir à l'école " ou encore " Tu dois être le plus fort à l'école ",
autant de petites phrases répétées à longueur d'enfance.
Gare aux malentendus...Il arrive souvent que l'enfant y mette une signification propre, un sens complètement différent de celui de l'adulte !
En voici un exemple.
Stéphane a 12 ans, il est rentré en première rénové. Au second trimestre, tout d'un coup, lui élève brillant, voit ses points chuter en flèche à cause de cauchemars répétitifs. Ecoutons-le :
" Tous mes cauchemars ont trait à l'école. Je me fais gronder, je rate mes examens et ce qui me fait le plus peur, c'est quand le professeur me regarde d'un air fâché et dit avec violence : " Stéphane ! ".
Alors, je sens le sol se dérober sous mes pieds, je sais que je frôle la retenue et je me réveille en sueur ". L'angoisse, pour Stéphane, c'est qu'à l'école il arrive " en vrai " ce qui se passe dans les cauchemars. " Il y a des moments où je ne sais plus si je suis dans un rêve ou si cela se passe en vrai. J'ai peur de rater mon année, ma vie ".
L'adolescence, âge de la deuxième chance, donne l'occasion de revivre afin de la résoudre, les difficultés de la petite enfance restées incomprises ou traumatisantes. C'est pourquoi j'ai demandé à Stéphane de me raconter ses débuts à l'école.
" Ma famille m'avait bien expliqué que c'était important de réussir sa première année scolaire.
Quand on est fort à l'école, on est fort dans la vie. Quelques jours après la rentrée en première primaire, je remarquai que mes camarades de classe se tapaient continuellement l'un l'autre.
J'en ait déduit qu'il fallait taper pour réussir sa première année.
A la maison je n'avais pas appris à taper, les autres se moquaient de moi. Je me sentais mal, je m'énervais et je tapais dedans. Mais je ne savais pas taper comme les autres, chaque fois, le professeur me voyant, faisait des yeux fâchés et disait " Stéphane ! ". Comme dans mes cauchemars, il disait que c'était mal de taper comme je le faisais. Je croyais qu'il ne voulait pas que je réussise mon année. J'avais peur. Mes points n'étaient " pas bons ", mes parents m'annonçaient avec angoisse que je raterais mon année. Dans mon coeur, leurs yeux aussi disaient : " Stéphane ! avec un air fâché.
En deuxième année, j'ai suivi les conseils des adultes, je ne tapais plus quand on me tapait.
" Ne pas réagir ", je ne comprenais pas pourquoi ils me disaient cela. Ce n'est qu'en troisième
que j'ai compris que réussir, c'était avoir des beaux points. Comme je voulais que le professeur croit que je voulais réussir, je me suis mis a hyper bien travailler. Le prof, content de son brillant élève, faisait applaudir mes beaux points par la classe. Mes parents étaient fiers mais tous les élèves me traitaient de chou-chou et je n'avais pas d'amis...Maintenant, en première humanité, on cogne de nouveau à la récré, je n'ai plus envie de me laisser faire, je ne veux plus être le gnan-gnan du professeur, je veux avoir des amis. Et des beaux points. Peut-être est-ce pour cela que je fais des cauchemars ? " Je pense bien que la réponse est " oui " ;
Laissons le mot de la fin à Nestor, actuellement en première année primaire : " Les parents sont bêtes parce qu'ils croient qu'être le meilleur ce n'est qu'avoir des bons points. A l'école être le meilleur, le plus fort, ça peut être aussi celui qui court le plus vite, ou celui qui saute le plus haut. Ou encore celui qui tape le mieux...