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S’exhiber nue

Dès qu’elle est contrariée, Natacha, 3 ans et demi, ferme son visage et enlève sa culotte. Quand il y a réelle crise, elle cherche à enlever tous ses vêtements et à s’exhiber toute nue. «  Je suis vraiment gêné de ma fille, avoue ce père, elle n’arrête pas de nous provoquer en se dévêtant à tout bout de champ et le plus certainement lorsque nous avons la visite d’amis.

Cela lui prend tout d’un coup, sans que l’on comprenne toujours pourquoi. Sachant que cela nous déplait, cherche-t-elle à tout prix à nous mettre dans l’embarras, dans la honte ? » Dès qu’elle porte une robe ou une jupe, Natacha marche en tenant le bas de la jupe relevée jusqu’à la taille, découvrant ainsi sa petite culotte. Visiblement, afficher sa sexuation, c’est plus fort qu’elle !

Quel mode de relation, cette petite essaye–t-elle d’établir ? Est-ce de la provocation ? De l’exhibitionnisme ? Visiblement elle présente sa problématique au ras du corps et au plus près de son fonctionnement physique.

Natacha, exhibitionniste ?

L’exhibitionnisme est avant tout un mode de relation, une façon d’établir un lien sexuel à distance et de l’imposer à l’autre sans tenir compte de son point de vue. Sont exhibitionnistes tous ceux qui n’ont pas réussi à attirer un regard d’amour et d’admiration sur le sexe en question.

Loin de ma pensée est de vous faire croire que cette petite cherche à exercer une pulsion perverse face à son environnement. Par ailleurs, son comportement n’est pas que de la seule provocation, mais plutôt une question silencieusement actée, et ainsi posée à l’entourage. « Est-il bon et bien que je sois de ce sexe ? Mon sexe me pose problème. Je vous le dis, je vous le montre, j’ai de grosses questions sur le bien fondé d’être une fille. J’ai le sentiment de ne pas être appréciée avec ce sexe-là. » 

Tout enfant cherche des repères rassurants dans la reconnaissance qu’apportent les adultes qui l’entoure. Si, dans le regard de ses parents, il a la sensation d’osciller entre indifférence ou mépris, c’est dans le regard d’autrui qu’il va chercher à signifier sa profonde détresse identitaire.

Lorsque un versant de la sexuation est, de façon généralement complètement inconsciente, plus valorisé aux yeux des proches, ce fait ne passe pas inaperçu aux yeux de celui ou celle qui serait de l’autre bord ! Cela peut même lui faire croire que toutes les remarques éducatives qui lui sont faites,  sont  dues à sa mauvaise sexuation…

Le sens de la répétition

Ici, malgré les remarques, les réprimandes, et toutes autres voix pour intimer à l’enfant plus de pudeur, Natacha recommence, encore et encore, répétant, malgré elle, une attitude désapprouvée par l’adulte. Selon Lacan, le répétition est « l’effet qui se produit d’une tâche inachevée ». La répétition est là pour pointer et aussi intégrer une réalité. La répétition est donc bénéfique… mais dans la mesure où elle incite à décoder un message. Si aucun sens, autre qu’un simple constat, ne lui est donné, la répétition alourdit le poids de la souffrance. En effet, répéter étant une tentative de dénoncer un problème ou un traumatisme, si l’on ne s’ouvre pas à chercher son sens, chaque répétition amplifie la blessure originale. Une chose est sûre, la répétition vise autre chose qu’une simple reproduction d’évènement. Elle est là pour pointer et aussi intégrer une réalité. C’est sur cette autre chose qu’il nous faut être à l’écoute afin de permettre à l’enfant de sortir de l’ornière qu’impose la répétition. Dans le cas qui nous occupe, le répétitif du comportement de Natacha est d’encore et encore attirer l’attention sur son sexe.

Double poids négatif

En plus d’un mal vécu par rapport au sexe qui est le sien, l’enfant exhibitionniste est souvent victime de son comportement. Sa nudité faisant choc, son attitude est rarement acceptée et le plus souvent interprétée comme un geste obscène complètement insensé qui enlève aux parents l’apparence de leur honorabilité éducative…Un malentendu se met en place fragilisant le lien affectif. Rappelons que la plupart des fragilités psychiques sont liées à des coupures de relation qui se sont opérées sans qu’on s’en aperçoive

La petite fille se voit lotie d’un sexe fait partie du non visible puisqu’il est tout en intériorité. Voilà qui ne facilite pas la reconnaissance ! Son sexe ne pouvant être vu ou maîtriser, elle a besoin pour en sentir la valeur de ressentir qu’aux yeux de ses parents, il mérite la même attention que celui d’un garçon. Sexe, qui pour sa part, est bien visible ! 

Un enfant mal dans son sexe essaye de résoudre la question en suscitant des regards scrutant sa nudité, espérant que cette fois le regard de l’adulte éveillera, dans le cœur de l’enfant, le ressenti tant attendu d’être unique et irremplaçable.  C’est tout le paradoxe de ce symptôme par lequel l’enfant « dé » couvrant son sexe cherche à ressentir le droit de le protéger et de l’aime et… de le cacher en toute pudeur. 

Pour grandir en toute quiétude, il faut se sentir bien dans le sexe qui est le nôtre, il faut pouvoir le faire sien et élaborer ainsi un projet de vie en fonction de notre sexuation. Pour oser se présenter à l’autre, il faut être fier de soi-même, savoir se poser avec tout ce que l’on est. On ne peut pas s’aimer, si l’on aime pas son propre sexe. Et on ne peut pas aimer son propre sexe s’il n’a pas été regardé, dans notre enfance, d’un regard favorable par les personnes de référence. 

Mots clés: Sexualité Amour Corps Reconnaissance