Si tu continues, on va te couper le zizi !
Heureusement de nos jours, pour beaucoup d’adultes si un enfant chipote à ses organes sexuels, s’il y prend du plaisir, cela ne signifie plus d’emblée qu’il a une tendance déviante !
N’empêche, ce comportement inquiète encore certains qui ne peuvent s’empêcher de faire des réflexions malheureuses du genre : « Si tu continues, on va te le couper ton zizi » ou « Arrête, ce sont des sales manières ! »
Non à la culpabilisation !
Certains enfants se masturbent ouvertement, d’autres s’en cachent. De toutes façons, il est important de les rassurer quant au du bon droit qu’ils ont de se faire du bien avec un corps qui leur appartient. Tout en les enjoignant à pratiquer cette activité dans un lieu personnel, leur vie privée ne regarde qu’eux, ils ont à respecter et à faire respecter leur intimité.
Il n’est pas rare de voir certains enfants associer masturbation et dégoût, s’imaginant qu’en agissant de la sorte ils agissent mal, ils font une faute grave et interprètent alors les ennuis quotidiens qu’ils encourent (comme tout un chacun) comme le signe d’un châtiment encouru à cause de leur « vilaine » habitude. L’intensité de la culpabilité enfonce l’enfant, déjà mécontent de lui, dans un cercle vicieux où il se croit encore plus mauvais et plus fautif.
En aucun cas : diaboliser !
La pulsion qui pousse à se masturber n’est pas de la perversion ! Ce plaisir érotique (qui se situe donc du côté de l’amour) a ce quelque chose d’interdit et de mystérieux qui touche l’humain au plus profond de lui-même. Le plaisir procurer par la masturbation peut servir de parade pour isoler un temps l’enfant d’un monde trop inquiétant. Lorsque pour une raison ou une autre le monde ambiant se complexifie d’une manière trop désorientante, la crainte de l’anonymat peut se compenser en se raccrochant à « ce qui est moi, et rien qu’à moi, le plaisir que je trouve dans mon corps »
C’est pourquoi, loin de diaboliser ce que certains parents appellent « sa manie », il faut faire prendre conscience à l’enfant qu’il s’agit là d’une activité légitime mais intime. Que son corps lui appartient en propre mais que le plaisir sexuel qu’il en retire ne regarde pas les autres ? Par conséquent cette activité n’a pas à s’exercer dans les lieux communs aux autres membres de la famille. L’intimité de la chambre à coucher est un lieu pour ce type de plaisir mais pas le living !
De l’attention
Lorsque l’on constate une masturbation intense qui peut se révéler comme étant un palliatif pour ne pas tomber dans un état dépressif, il faut être attentif à ce qui pourrait être la cause du mal vécu de l’enfant et y trouver remède. Accepter que, lorsqu’une difficulté devient un problème, il faut aider l’enfant. Parfois une aide extérieure s’avère indispensable pour comprendre où le bas blesse afin de permettre à l’enfant de réinvestir positivement l’entièreté de son être. Ainsi son l’énergie vitale pourra à nouveau circuler de façon constructive et nourrissante pour l’entièreté de son être.
Si trop de masturbation ne rend pas sourd, comme on le disait d’antan, elle peut rendre l’enfant sourd et aveugle à la conquête d’autres plaisirs. Le sexe doit être un relais, un appui mais pas un objet de fixation. Au-delà de la matérialité du corps, l’enfant et l’adolescent, ont besoin de symboles. Ceux-ci permettront de s’appuyer sur des représentations qui leur permettent de s’orienter et d’organiser leur désir. Il faut s’atteler à les aider à rechercher d’autres points d’ancrage dans des valeurs auxquelles ils sont particulièrement sensibles.
Pièges à éviter
Si l’on veut éviter la diabolisation, la culpabilisation ou la complaisance, la meilleure tactique consiste à détourner progressivement l’attention de l’enfant vers d’autres performances physiques. Toucher son sexe permet de retrouver un pôle de départ mais celui-ci est fait pour être dépassé et permettre à l’humain de s’aventurer au-delà. Notre pulsion vitale nous offre mille et une manière d’éprouver du plaisir corporel. Notre vitalité sexuelle ne relève pas d’une zone précise ou d’un organe mais mobilise notre personne entière.
Si apparemment, la sexualité se vit à la surface de l’être, à même le corps, via nos organes, elle s’enracine pourtant en des lieux de nous-mêmes qui nous échappent et font notre véritable richesse. Coupée de ses racines elle perd très vite sa fécondité. La masturbation permet un temps de plaisir mais si rien d’autre ne vient soutenir ce plaisir de la joie « d’être moi », le sentiment de vide et de désarroi qui s’en suit n’en est que plus grand.
Mots clés: Sexualité Souffrance Culpabilité