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Tous les enfants sont-ils des tortionnaires

En d’autres mots, l’humain est-il de nature un être cruel ? La réponse est à la fois oui et non.
La violence est inhérente à la vie. Toute la gageure de l’éducation sera d’humaniser cette violence, de la modeler en saine agressivité.

C’est à l’aide de celle-ci que nous mobilisons l’énergie et la motivation de nous battre pour nos projets, pour nos idées, tout en respectant notre environnement humain, animal et végétal.

Cela signifie, qu’au début de sa vie, l’humain est un barbare. Il n’est pas encore civilisé, il n’a pas encore acquis la notion et le respect du vivant. Il est barbare parce qu’il n’a pas encore intégré une échelle de valeurs ; c’est sa pulsion brute qui régit ses actes. Celle-ci s’humanisera à fur et à mesure qu’il intégrera les valeurs que les adultes qui l’entourent lui auront transmises.

Si l’enfant naît « barbare », il ne peut pour autant être qualifié de cruel car ses agissements sadiques envers les animaux sont rarement une jouissance face à la souffrance. ! En effet, la cruauté se rattache au goût ou à la volonté de faire souffrir, il s’agit d’un vice, « un réel péché contre la vie » nous dit André Comte-Sponville.

Le petit de trois ans qui arrache les ailes d’une mouche n’est donc pas une graine de tortionnaire. Il agit de pareille façon car il expérimente. La vie est avant tout mouvement, changement, action, création. En enlevant les ailes, l’enfant crée des nouveaux objets. Il pousse des cris de joie, non pas de voir l’animal souffrir mais pour se réjouir de l’effet de son initiative. Pour lui, ainsi faisant, il a changé une facette du monde ! Il est créateur d’un changement.

Face à ce comportement, tout l’enjeu des adultes sera, non pas de culpabiliser l’enfant, mais de lui expliciter clairement les raisons de l’interdit d’un tel acte. Lui faire comprendre la différence entre une mouche et une pile de blocs que d’un coup enjoué de revers de main, il enverrait s’éclater aux 4 coins de la pièce. L’initier à l’interdit de faire souffrir par pur plaisir !

Quand s’inquiéter ?

Lorsqu’un enfant plus âgé, torture un animal nous sommes impressionnés. S’agit-il de brutalité – de cruauté – de sadisme – d’acharnement – de haine – de revanche – de vengeance ? Cette apparente insensibilité, qu’il manifeste face à un organisme vivant, mérite toute notre attention.

Parce que vivant et en plus doué de mouvement, l’animal est pour l’enfant, un lien et un lieu privilégié pour vivre des sentiments de tout ordre et projeter ses propres émotions. Que nous signifie cet enfant de 5 ans, Robert, qui n’a de cesse que de piétiner tout poussin qu’il voit naître ou d’essayer d’étrangler tout chiot ou chaton à sa portée ? Les parents, interprétaient ce comportement comme du sadisme, un manque de cœur, un tempérament porté à la cruauté. Conjointement ce comportement les incitait à avoir au sujet de cet enfant un discours extrêmement cruel….

Or souvent, un enfant mettant à mal un être vivant, c’est-à-dire un animal qui comme lui respire et bouge, ne cherche pas vraiment la mort de l’animal mais teste les possibilités de résistance de l’animal face à des agressions mettant en jeu sa vie. Un enfant se sentant menacé par rapport à sa survie psychique va donc parfois essayer, en torturant un animal, de trouver une réponse à sa terrible angoisse de mort. Ainsi, dès ses premiers mois d’existence, le petit Robert a eu à subir de grandes blessures psychiques, infligées de manière inconsciente par ses parents. Ces agressions résultaient de l’enfance malmenée qu’ils avaient eux-mêmes eu à subir. En écrasant les poussins il mettait en scène son propre sentiment d’anéantissement.

Afin d’aider l’enfant à abandonner des attitudes sadiques, il est essentiel de lui imposer l’interdit du tout pouvoir sur le corps d’un autre être vivant. Lui intimer l’importance du respect de la Vie au-delà de tout autre impératif personnel. C’est le but premier de l’interdit qui se retrouve d’ailleurs dans toutes les civilisations : l’interdit du meurtre. Mais cette attitude doit s’accompagner d’une aide au niveau de l’enfant qui, par ses gestes de rare violence, indique une grande souffrance personnelle. Ainsi dans le cas du petit Robert, il est évident qu'il était essentiel d’aider les parents à adopter vis-à-vis de leur enfant une attitude d’accueil et de compréhension et de reconnaissance.

Sadisme en groupe ?

Les gestes de cruauté accomplis par de plus grands enfants qui se retrouvent en bande, faire éclater des grenouilles en les projetant contre un mur par exemple, sont souvent plus signe de bravade que de réelle méchanceté. C’est tellement important à cet âge de prouver que « Moi, j’ose » « Moi, je n’ai pas peur ». Cela peut être une manière dont ces grands enfants exorcisent leur peur du Mal et montrent à l’entourage qu’ils ne sont pas inhibés par celle-ci.

N’est-il pas alors intéressant que l’adulte leur explicitent qu’il est inadéquat de mesurer sa force ou son courage en utilisant un être vivant comme « objet » à conviction ? Et à fortiori s’il est plus faible ! Il y a mille façons de manifester notre témérité, nos capacités à dominer nos angoisses.

Si des enfants de cet âge sont cruels c’est que la valeur essentielle de la Vie et de son respect ne leur a pas été transmise… Ou qu’eux-mêmes, de par leur statut d’enfant, se sont peut-être sentis « utilisés » voire « déchiquetés » par des adultes…Qu’ils n’ont jamais vu dans le regard de l’autre l’indice d’un signe de pitié c’est à dire la capacité de se mettre dans la peau d’un autre moins bien loti que soi-même. 

Mots clés: Enfance Violence Limites