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Une nuit de Noël

Alors que de tous côtés se fête la nativité, se clame : « Paix aux hommes de bonne volonté », sur un lit d’hôpital un enfant se meurt. Se meurt suite à un geste fatidique. Jour après jour la vie se retire de lui et il refuse de se battre pour la reconquérir.

Cruellement il a dit à son père : « Ce n’est pas moi qui veux vivre, c’est ce tube que l’on m’a mis qui me maintient en vie… »

Les parents sont effondrés – ils craignent, ils sentent que leur enfant s’en va, ils ne savent pas pourquoi. Ont-ils été trop durs ? Trop exigeants ? Il est vrai que ces derniers temps leur fils s’assombrissait et se coupait du monde. « Oh, sans doute une passade d’adolescent capricieux et maussade. », ont-ils pensé.

Mais aujourd’hui, devant ce corps qui s’en va comme une bougie qui lentement se consume, les parents ont peur, un voile s’entre ouvre. Y aurait-il souffrance ? La souffrance psychologique existe-t-elle vraiment ? Eux pourtant ont traversés les épreuves du quotidien en se refusant « tous ces déballages inutiles »…Ne suffit-il pas, lorsque surgit un mal-être de ne pas penser et de continuer sa route ? Un peu de volonté voyons ! Tout passe…la vie aussi d’ailleurs !

Mais aujourd’hui, une nuit de Noël, un enfant se meurt.

Parler – Oui, il faut parler. Avant qu’il ne soit trop tard, peut-être est-ce trop tard ? Il n’est jamais trop tard. D’urgence comprendre, écouter, entendre ce qui se dit dans ce corps qui n’a plus que des gestes pour parler.
Parler – Oui – Parler de cette naissance au rendez-vous manqué – des malentendus –parler d’une famille dont on tait les tensions en affichant l’illusion d’une entente familiale rendue parfaite grâce à l’exclusion de tout conflit…
Parler – Oui – De la solitude d’un père n’ayant pu, malgré toute l’affection qu’il porte à son fils, jamais pu lui tendre avec sérénité la main de la complicité, ou encore se surprendre d’un regard de connivence ou de moments difficiles qu’humour ou gravité auraient rendus plus légers parce que mis en mots…
Parler – Oui – de ce plein de maux – de ce vide de sens du au manque de mots…
Parler – Oui – jusqu’à ce que résonne de la bouche paternelle le cri du cœur : « Pour mon fils, aujourd’hui, je voudrais devenir un père avec qui il puise vivre une vraie connivence, fondée sur un lien de confiance vrai lui aussi. »

Alors soudain, sortant de sa torpeur, d’un effort surhumain, tant il est affaibli, s’extrayant les bras de dessous les draps, le fils les tend à son père. Surpris, chassant un instant d’hésitation, celui-ci se penche vers son fils et s’identifiant au geste de l’enfant qui l’enserre, les bras paternels le serrent contre sa poitrine.

Longtemps ils resteront ainsi, soudés l’un à l’autre, vivant un moment d’émotion intense ; s’entourant réciproquement d’un anneau protecteur, celui de la tendresse profonde –de ce qui fut, qui sait, peut être leur première vraie embrassade.

Mais pour restaurer l’amour, il faut aussi passer par la colère, vider son sac de désenchantements, d’illusions trahies, d’espoirs déçus. Souvent, la crainte de cette colère empêche soit de parler, soit d’écouter, si ce n’est les deux…

Aussi, lorsque quelques heures plus tard, la tendresse du fils se mua en gestes de rejet à l’encontre du père, ceux-ci furent pour ce dernier incompréhensibles. Sans doute, ce père imagine-t-il avec peine, à moins que ce ne soit pour lui tout simplement « inimaginable » (donc à la fois impossible et interdit) que son fils puise avoir envers lui un lourd contentieux…celui de s’être senti abandonné pendant toutes ces années. Abandonné par manque de communication.

Consommer ou communiquer ?

De nos jours cette souffrance a du mal à se faire entendre par les adultes. Ceux-ci focalisés par la société de consommation qui pousse à dispenser un maximum de facilités matérielles et de confort, occultent (souvent à leur insu) l’indispensable nécessité de la rencontre d’humain à humain que ce soit dans la complicité ou dans le conflit.

Si les adultes, tous ceux qui sont là pour entourer l’enfance saine, malade, ou en souffrance, ne retrouvent pas rapidement l’essence de l’humanité qui s’ancre au fond de chacun de nous dès notre conception, à savoir le besoin d’une communication vraie et sincère, d’une relation qui dit et qui écoute, cet enfant comme tant d jeunes aujourd’hui, ne leur donnera pas une autre chance. La prochaine fois, il ne se ratera plus…

Mots clés: Mort Adolescence Souffrance Langage Conflit Lien Regard Communication