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L'amour Code Barre

Ce n’est qu’un billet d’humeur mais l’amour, aujourd’hui, vanté et vendu comme vertu première, ose-t-on encore le vivre ? L’aventure amoureuse ne risque-t-elle pas de disparaître insidieusement dans les oubliettes sécurisées d’un matérialisme confortable ?

Que penser du succès grandissant du networking social via des sites de rencontre, blogs et autres medias qui sillonnent le web. Lieux de liens virtuels où l’on se décrit sans s’engager, où dans l’éventail du choix des possibles chacun a le loisir d’examiner les possibilités de chaque prétendant et de prendre le meilleur. La préférence semble de plus en plus pencher pour cet « amour sécurisé ». La tendance ne serait-elle pas de trouver un amoureux sans être amoureux ? Incontournablement l’amour est une des expériences les plus douloureuses de la vie subjective, il a son lot de contradictions, de violences et de drames. Mais de là à refuser de vivre l’aventure de l’amour, cela pose question…

Qu’est ce qui motive la recherche de cet « amoureux » froidement choisit ? La crainte de la solitude ? Il est vrai qu’il n’est pas tous les jours facile de n’avoir personne avec qui partager le bon et le moins bon. La nécessité d’afficher un politiquement correct quotidien « heureux » ? Parce que sans heurts, bien lisse. Mais favoriser cette forme affective « code-barre » permettant de chercher la meilleure martingale, de fuir trop de différences, n’est ce pas un peu comme pour une machine à laver où l’on prend le programme qui convient le mieux ? Est-ce cela aimer ? A force de tant craindre le bouleversement émotionnel qu’appelle l’amour, n’y a-t-il pas là de quoi engourdir le coeur ?

L’amour n’est-il pas ce qui permet l’impossible ? Pensons à Roméo et Juliette. Sa valeur ne réside-t-elle pas au delà des intérêts immédiats des deux individus qui s’y sont engagés ? N’empêche, préférant le virtuel au présentiel, de plus en plus rare sont ceux qui font confiance au hasard de la rencontre. Se risque-t-on encore à parler à l’inconnu qui promène son chien dans la forêt, à aller prendre un verre ensemble, à se découvrir au hasard d’une conversations, quitte à tomber amoureux, tenter l’aventure, incertaine bien sûr mais tellement palpitante. Hé oui, incontestablement le risque fait partie de la vraie aventure amoureuse !

A force de plaider pour le confort et la sécurité, notre nouvelle culture nous imbibe de la conviction que le bonheur est à trouver lorsque prime l’intérêt personnel. L’amour ainsi pensé serait un échange d’avantages réciproques, comme une possible déclaration à quelqu’un avec qui on a une égalité de rapport, d’intérêts, d’état financier. On calcule à l’avance, comme si prendre un amoureux se mesurait à l’aune d’un investissement rentable. Le hasard est écarté, il s’agit de déblayer le risque d’être surpris par ce qui serait différent de ce qui est pensé à l’avance.

Force est de constater que l’environnement médiatique, publicitaire disqualifie et galvaude la notion d’amour au nom du réel du sexuel. L’amour est bien plus  qu’un jeu de l’imaginaire autour d’une relation sexuelle satisfaisante. Faut-il rappeler que quand « on fait l’amour » on utilise le corps de l’autre pour obtenir une jouissance dans laquelle on est finalement seul. « Vivre l’amour » c’est bien autre chose.. Cette rencontre est une adresse à l’entièreté de l’être de l’autre, dans toute sa différence d’avec ce qui nous est connu. L’amour faisant appel à une capacité à sans cesse réinventer la vie,  la colorie de tons inattendus pour réalimenter l’amour. Grandir en amour reconnaît  l’attraction des opposés, l’autre est aimé pour ce qu’on n’a pas ! « Car l’ennemi principal de mon amour, celui que je dois vaincre, ce n’est pas l’autre, c’est moi » (1) Ce moi qui veut que l’autre soit comme je l’ai rêvé, qui veut imposer son monde, qui refuse la différence incontournable du désir de l’autre.

« Aimer » l’amoureux(se) qui partage notre quotidien, n’est ce pas un éclat de rire face à la vie ?  


Notes

(1) Eloge de l’amour, Alain Badiou chez Flammarion 

Mots clés: Amour Culture Vie