La Barbarie ou l'anti-civilisation
Ce n’est qu’un billet d’humeur, d’humeur en refus de barbarie. La barbarie dans son sens actuel m’interpelle. A savoir l'inhumanité dans l'homme, l'insensibilité face à la douleur de l'autre, ou encore les forces de destruction internes à une civilisation.
La feritas (de ferus, sauvage), cette bestialité destructrice capable de surgir de l'intérieur de toute société aussi bien que de tout individu, n’est-elle pas occupée à se tailler de beaux jours ? Toute civilisation cherche à empêcher la barbarie en humanisant ses enfants au moyen d’une éducation qui apprend à dompter nos pulsions violentes. Qu’en est-il de notre civilisation ? De notre manière d’éduquer ?
De tous côtés ça flambe, ça cogne, ça tue, ça vole, viole. On s’invective comme des charretiers, tous les coups bas sont permis, celui qui n’a pas roulé l’autre est un pigeon… En vacances, l’arrogance et l’agressivité de certains clients fait oublier le goût des gaufres fumantes et sablées de sucre fin! Au détour des carrefours les conducteurs se montrent de moins en moins avares en doigts d’honneur. Quelle amertume, espoir ou désespoir brûlent au creux de ces mains dévastatrices, de ces bouches invectivantes ?
Attention, en chacun de nous peut s’activer une force de destruction. Aucun humain n’échappe à son potentiel interne de barbarie, à cette part constitutive, radicale, profonde d’inhumanité. Telle le veut la force tenaillante du désir indompté. C’est pourquoi l’éducation veille au grain en nous apprenant à assumer la frustration, l’attente, l’acceptation du manque.
Souvent devant l’actualisation de cette barbarie les regards se tournent vers la jeunesse, celle qui n’aurait pas les valeurs morales et sociétales essentielles. Faux ! La jeunesse a les mêmes valeurs que celles véhiculées quotidiennement par les adultes, dans les médias, sur la publicité. C’est l’économie des adultes qui, vantant le luxe pour son statut arrogant, la richesse financière comme seul moyen d’épanouissement et la popularité comme signe de succès, soutient la feritas. L’insensibilité au dommage d’autrui dont chaque homme est capable, est banalisée au profit du culte de l’individualisme. Le Moi d’abord règne en maître.
Face à cette barbarie faut-il hausser les épaules en accusant l’institution sociétale de ne pas prendre ses responsabilités en matière d’éthique, de justice et d’éducation civique ? Non ! Ne nous associons pas à certains modes d’être en pensant qu’ils sont notre détermination alors que c’est nous qui les déterminons. Nous subissons un destin qu’en réalité nous nous imposons ! Ne laissons pas le temps se figer dans la répétition. Pour s’opposer à la feritas, où se cache l’humanitas ? Cette solidarité des humains les uns envers les autres, elle est notre responsabilité à tous. La cultiver c’est d’abord et avant tout apprendre à museler notre propre barbarie afin d’être un exemple pour les générations futures. Loin de la cupidité barbare de certaines idéologies économiques, les idéaux du futur devront être humanitaires.
Mots clés: Société Violence Individualisme