La Mère Intérieure
A l'image de la mère protégeant son enfant, nous devons chérir avec un coeur immense, irradié de bonté, tous les être vivants. (Bouddha)
Fais ce qu'il te plaît, au mois de mai ? Fais-en surtout un mois de mère ! La question de la mère nous touche tous, sans elle nous ne connaîtrions la vie, cette étrange et fascinante aventure.
En nous portant, en nous mettant au monde, notre mère s'inscrit au coeur de chacune de nos cellules, pour ensuite squatter notre coeur. Cette mère intérieure quelle place, quelle écoute lui accordons-nous ? Sommeille-t-elle ? Est-elle en éveil ? Nécessite-t-elle un réveil ? Cette part d'énergie de l'âme dont la principale fonction est de pacifier, consoler, enseigner et protéger des doutes que chacun nourrit quant à son droit d'exister et de nous guider dans le choix de notre route dans ce monde ballotté. Résonne-t-elle au creux de notre être, cette sensation paisible d'habiter à l'intérieur de notre propre monde, séparé du chaos ordinaire par un manteau de conscience tissé pour soi et par soi ?
Entre l'engouement pour les prouesses du cerveau et l'obsession des plaisirs du sexe, trop souvent une région du corps souffre de jachère : le coeur. Ce centre du corps et de la vie, ce temple de la mère intérieure nous pousse à «avoir le cœur sur la main », « être de tout coeur avec vous » « avoir bon coeur », etc ... Notre mère intérieure nous enseigne amour, tolérance, compassion et patience, pour nous-mêmes, et pour l'autre. Elle nous enjoint d'accomplir nos gestes quotidiens avec plaisir, attention et affection.
A moins d'être reléguée au rayon des objets définitivement perdus, notre mère intérieure, lasse d'être oubliée, parfois se fâche. Nous faisant déprimer, tomber malades ou nous sentir déracinés. Laisser mourir la mère intérieure est une perte absolue. Ce symbole si fort, ce mythe indéracinable, composante éternelle de notre corps et de notre imaginaire, l'abandonner risque de nous faire embrasser le vide jusqu'à la mort ... Lorsque le paraître l 'emporte sur l'être, sans mère, disparue ou devenue une inconnue pour nous-mêmes, notre quotidien se vit bercé au rythme d'un coeur de pierre, d'un coeur sec ou de glace ... En d'autres mots, « sans coeur ».
Faire appel à sa mère intérieure est un état d'esprit engendrant la capacité d'être ici et maintenant, dans l'attention de l'acte que nous posons, tout en tentant de mettre dans nos gestes quotidiens cette énergie positive appelée par certains, énergie d'amour. Enfantés par notre mère intérieure, nous vivons dans la joie, sentiment qui ne dépend ni des facteurs extérieurs, ni du résultat de nos actes. Née de notre propre force intérieure, notre présence à la joie vient de l'attention que nous portons à chacun de nos agissements.
Développer notre Mère Intérieure est bien sûr plus aisé si nous avons eu la chance d'avoir une mère aimante. Il suffit alors de la prendre en exemple. Dans le cas contraire, rien ne nous empêche de l'inventer, sachant qu'elle est cette part d'énergie féminine, intuitive, soignante, aimante, qui sommeille en chacun de nous. N'ayons pas peur de la bonté, ni de la tendresse, même si aux yeux de certains nous risquons de passer pour des « pigeons » ...
Y'en a qui ont le coeur si large
Qu 'on y entre sans frapper.
Y'en a qui ont le coeur si large
Qu 'on en voit que la moitié. » (Jacques Brel)