L’échec scolaire
« Aujourd'hui les jeunes veulent de l'éducation mais ils ne veulent plus être éduqués »
Ce n’est qu’un billet d’humeur, d’humeur à interroger l’échec scolaire. Ras le bol des propos sur les enseignants démotivés, faisant l’impasse sur ceux qui s’acharnent avec passion à transmettre du savoir. Hélas parfois sans le succès escompté.
Ras le bol d’entendre parler d’élèves paresseux qui ne s’intéressent à rien.
Et si nous nous interrogions sur ce qui constitue « l’acte d’apprendre » ? Constat : les cours ex-cathedra se retrouvent réduits au minimum pour faire la place belle à des méthodes et des contenus individualisés ; la transmission structurée et organisée, n’ayant plus la cote, s’entend devoir subir un délestage soutenu, tandis que l’essai et l’erreur se voient favorisés par rapport à la logique déductive. Tandis que le « par cœur » se retrouve décrié pour son caractère répétitif, la volonté et l’effort sont désactivés. Comment construire des apprentissages sans ces outils essentiels ? Ajoutons à cela que l’abstraction, faisant appel à la capacité de sortir de soi, de s’abstraire de son propre point de vue, est tombée en disgrâce.
A vouloir fuir l’unilatéralisme d’un enseignement traditionnel axé sur une transmission de savoirs, mais indifférente aux processus d’acquisition personnels à l’élève, n’a-t-on pas opté pour son contraire ? A savoir pour l’unilatéralisme de la pédagogie des compétences. Si celle-ci a l’avantage de donner priorité au processus personnel d’appropriation, ne néglige-t-elle pas ce qui permet de poser l’acte d’apprendre ? A savoir : la mémoire, l’abstraction et la transmission d’une logique structurante
Parallèlement à cette forme rénovée d’enseignement, on retrouve des élèves qui veulent de la connaissance mais refusent la transmission de savoirs, car l’enseignement systématique et méthodique d’une matière est vécu comme de la passivité. Ils exigent que l’enseignant leur donne la parole, leur permette de démontrer leur savoir-faire, s’intéresse à ce qui les interpelle. Leurrés, dès leur petite enfance, qu’ils savent mieux que quiconque ce qui est bon pour eux, ils veulent construire eux-mêmes leurs savoirs au moyen d’une logique d’appropriation personnelle et désirent en déterminer la méthode et les contenus. Tout doit en quelque sorte venir d’eux et pouvoir être compris tout de suite.
N’est-il pas utopique d’ambitionner d’être la source de sa propre construction ? Pour être capable d’apprendre il faut savoir entrer dans un univers symbolique, c'est-à-dire entrer dans une pensée structurée par des systèmes de signification cohérents qui nous ont précédés.
Et si cette accumulation d’échecs scolaires tenait d’une part aux modalités édictées actuellement par la pédagogie scolaire concernant « l’apprendre » ? Et d’autre part à des élèves manifestant des comportements de résistance voire de refus lorsqu’ils ne sont pas en position de décideurs. Refoulant et refusant toutes les opérations mentales qui ne s’inscrivent pas dans le cadre qu’ils estiment bon pour eux. Ces élèves se retrouvent ainsi activement engagés dans le processus qui les mènera à l’échec…