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Lorsque le jour se confond à la nuit

14 mars 2012. Le réveil est brusque. Notre pays est en émoi. C’est la consternation. Qui peut imaginer pareille tragédie ? 22 enfants que l’on ne verra plus courir, rire, grandir. 6 adultes disparus après avoir donné le meilleur d’eux-mêmes en remplissant le cœur d’une bande d’enfants de joyeux souvenirs.

Face à cette fatale onde de choc, le trop tard, l’irréversible, l’irrattrapable nous noue la gorge. Mes yeux se remplissent de larmes. 

Que faire ? Continuer les gestes du quotidien le cœur en berne. Que dire ? Je refuse les encouragements qui découragent. « Ça ira mieux dans quelques mois. » « Il faut être fort pour les enfants. » « Penser à ceux qui restent et pour eux continuer la vie au jour le jour. » Ces vérités universelles prodiguent une consolation universelle mais nient la souffrance unique de ce parent qui a perdu son enfant, de cet enfant qui cherche vainement son parent disparu.

Que dire ? Je me refuse aux mots vides de sens, qui agressent par leur inutilité. Mais y a-t-il des mots qui peuvent se nicher là où on les voudrait, au cœur de la perte ? Il ne faut jamais banaliser la vie et la mort. Ne jamais nier ce qu’il y a d’unique dans chaque souffrance, ne jamais dissoudre dans l’universel les composantes d’un deuil toujours personnel, individuel et non comparable. Mais alors que dire à des parents, à des familles, à tout un pays en deuil ? Quand l’irréversibilité de la mort vous saisit et que son « plus jamais », telle une lame acérée, pénètre tout ce qu’elle touche.

Prise dans cette frange d’horreur renvoyant à nos douleurs intérieures, je ne peux parler qu’au nom de mon impuissance face à l’irrémédiable. A cette violence d’une brutale simplicité, éveillant tristesse, nostalgie, incompréhension, colère, nous réagissons tous selon notre sensibilité, notre histoire, nos propres drames ou pertes familiales. Dans ce face à face avec moi-même, mon cri du cœur est de vouloir trouver des réponses authentiques aux questions que soulèvent pareil drame. Des réponses qui veulent continuer à soutenir la Vie même si chaque enfant porte en lui le danger que nous le perdions dans l’instant qui suit. J’ai entendu des « En tout cas pour moi, plus question d’envoyer mon enfant où que ce soit en autobus. » et autres réactions du même goût. N’étouffons pas la vie de nos enfants par crainte de les perdre. On ne pourra jamais tout prévoir, tout anticiper, tout comprendre. Il nous faut accepter que notre capacité à vivre la perte, la séparation et le manque soit parfois mise à dure épreuve.

S’associer à la douleur de ces êtres blessés au cœur même de leur intimité peut consister à offrir notre disponibilité envers tout autre qui nous confie sa douleur, sa souffrance. Offrir un lieu «  où les mots de la réparation sont écoutés parce que les oreilles existent qui les entendent, ces mots venus du choc de la vie avec la mort. Trop souvent, ces mots condamnés au silence, à l’isolement, au déni, souffrent du vacarme que font ceux qui ne veulent pas les laisser parler ! »

Unissons nos pensées pour que la culpabilité du survivant n’encombre pas les cœurs des parents qui ont un enfant vivant, là où 22 familles pleurent le leur. Réunissons nos cœurs pour que toutes ces familles endeuillées retrouvent le courage d’être heureuses, d’un bonheur qui s’autorise malgré son goût de larmes et de fragilité.

Diane Drory 

Mots clés: Pleurs Emotion Sécurité Peur