Ne perdons pas notre âme
L’âme est le seul oiseau qui soutienne sa cage (Victor Hugo, les Misérables)
L’explosion des données numériques engendre le danger de s’éloigner du monde des humains pour se laisser emporter dans l’univers diffus et fluctuant de l'Internet. Les progrès de la technologie entraînent des révolutions dans tous les domaines et nous obligent à trouver de nouvelles manières d’appréhender et d’analyser le monde.
Cette évolution est passionnante mais ne devrait pas se faire au détriment de notre humanité. N’oublions pas qu’en nous, parallèlement au raisonné et au conscient, naviguent l’intangible et l’inconscient. Veillons à ne pas perdre notre âme, cette voix qui nous chuchote au cœur le sens de notre vie.
Par ailleurs, est-il humain de voir l’obligation d’efficacité et de rendement supplanter la bienveillance ? Telle infirmière s’est vue réprimandée car elle avait pris le temps d’écouter la souffrance d’une patiente. Il lui faut poser des actes médicaux, un point c’est tout. Certains chirurgiens oublient de dire bonjour et au revoir au patient, pourtant sous anesthésie locale. Cela ne fait pas partie du protocole. Est-ce pour cette raison que notre ministre de la Santé vient d’allouer un honoraire supplémentaire au médecin qui prend du temps de parole après l’opération d’un patient cancéreux ? En arriver à devoir monnayer la relation proche est renier le contrat social de la présence à l’autre.
Vous faites une dépression : Il devient incongru de chercher l’origine de votre souffrance. L’inconscient ne se justifie plus. Une camisole chimique se charge d’assommer vos maux, angoisses, insomnies.
Fort heureusement, la gratuité, la bienveillance ont la vie dure. Ces forces d’accueil, d’ouverture et de respect de l’autre sont inscrites dans notre éthique intuitive. « Faites l’expérience, soyez égoïste pendant toute une journée, et vous verrez dans quel état vous serez le soir. » nous dit Mathieu Ricard
Des études confirment que le système immunitaire des individus en recherche de sens, d’engagement et de lien avec les autres est plus développé que celui de ceux qui préfèrent un bonheur procurant une satisfaction personnelle. D’autres chercheurs ont montré que chez les personnes altruistes les gènes inflammatoires baissent et les gènes antiviraux augmentent. Voilà qui questionne notre société où tant de cas d’allergies et de maladies immunes envahissent les cabinets médicaux. La pollution et la malbouffe n’en sont peut-être pas les seules responsables…
Ne faisons pas de notre âme un navire en rade en la rendant captive du plaisir immédiat. Ecoutons notre cœur, osons l’élan vers l’autre, l’ouverture, la gratuité désintéressée. Attitude qui, dans la foulée, aligne en nous le corps, l’âme et l’esprit et… chose non négligeable : nous garde en bonne santé !
Mots clés: Bienveillance