L’autorité en famille et au bureau, est ce la même ?

Introduction : Un monde paradoxal

A. Avant la deuxième guerre mondiale l’adulte disposait DU savoir en ce qui concernait ce qui était bon pour l’enfance, la notion de l’individualité d’un enfant était gommée de même que celle de l’ouvrier. Il était une « pâte à modeler ». Jusqu’à mai 68, c’était aux parents d’établir les projets d’avenir concernant leurs enfants, tout comme c’était le patron qui dictait les lignes directrices de sa société en tenant fort peu compte de l’avis de ses ouvriers et employés. L’information était verticale, allant du haut vers le bas.

B. Mai 68 a voulu jeter aux oubliettes cette notion selon laquelle : on FAIT d’un enfant un bon adulte si il se plie à nos principes éducatifs. Une nouvelle vision de l’enfant naît : il est une personne à part entière et il faut donner une place à son désir.

De même dans l’entreprise surgit peu à peu la notion de participation, de brain storming, de l’importance que l’information monte de la base vers le sommet.

C. Or, que constatons-nous aujourd’hui ? L’enfant peut tout, trop faire à une condition : qu’il réussisse l’école car voilà la preuve d’un enfant dont l’éducation est réussie…De même dans l’entreprise, tous les coups sont permis, les faillites ne sont plus un problème, l’éthique d’autan à disparue du moment que l’on est compétitif et que l’on fasse de l’argent.

D’un côté 

Le courant humaniste contemporain se préoccupe beaucoup de la liberté de la personne ainsi que de la croissance individuelle, sociale et humaine. Chez l’enfant sont stimulés : l'autonomie de la pensée et la créativité, la recherche de sens, le développement de la pensée de l'enfant. Tout cela, en vue de l'épanouissement existentiel et émotif de la personne.

Pour ce faire, éducation doit être pris dans son sens premier, à savoir E-ducere. Ce qui signifie Conduire hors de… Permettre l'élaboration d'un projet personnel en stimulant la réflexion personnelle et l'adhésion à certaines lignes de vie. Dans ce cas, le but éducatif sera de développer un SAVOIR chez l'enfant, ceci ne peut se faire sans communication d'être à être. Il s’agit ici d’une attitude de CONDUIRE HORS DE, amener l’enfant à donner un sens à sa vie, lui permettre de faire de sa vie son entreprise cad lui permettre de concevoir des projets et de transformer ces projets en actions donc en réalisations ! Donner un sens à sa vie ce n’est pas emmagasiner un savoir désincarné mais avoir un but..

On cherche donc à installer une ambiance sympa, cool, accueillante ou l’intuition et l’empathie ont une grande place.

D’autre part

Nous évoluons dans un monde dont une des valeurs maîtresse est la compétitivité, dans un monde qui préconise de Educare, c'ad de Nourrir limite l'apport éducatif à une transmission de CONNAISSANCES, l’action éducative a orienté essentiellement vers un apport de savoir en dénigrant les valeurs de cœurs, de courage ou d’équilibre psychique. Le monde est divisé entre les gagnants et les perdants, seul critère est la balance binaire des nuls et des bons.  On est dans un monde de Compétitivité, de Performance qui exige d’avoir le Pouvoir et le Contrôle qui s’exerce dans le rationnel et la logique.

Pour ma part, j'estime que cet épanouissement ne peut se réaliser que si la personne trouve un équilibre entre ces deux extrêmes, entre l'individuel et l'environnement.

En naissant, l'enfant devient un sujet socio historique puisqu'il émerge à un certain moment, dans une certaine culture et dans un contexte social spécifique. Doté de son inconscient, de ses pulsions, de son désir de vivre nous pouvons dire que dés le départ, le bébé est sujet de désir, il est "désirant". Pour devenir le sujet conscient de son désir, pour donner corps et forme consciente à une individualité responsable et libre, l'individu devra devenir aussi "sujet de droit" c'est à dire être confronté à la Loi, aux règles, aux normes et se rallier à leur éthique et au respect de la structure des rapports sociaux afin de ne pas assujettir l'autre à la barbarie d'un désir non humanisé.

C’est ici qu’entre en jeu la fonction de l’autorité, avec un de ses atouts majeurs : « dire Non » c’est à dire ne pas craindre le conflit.

La mauvaise gestion de ce petit mot peut induire la tyrannie ou la barbarie.

Le non instaure la Loi, tout n'est pas permis !

C’est un des objectifs de l’autorité, faire régner de l’ordre.

LA LOI, l’enfant doit l’intégrer, la faire sienne. La mise en place de cette Loi dans l’éducation, tel sera notre propos d'aujourd'hui.

Le sens de l’éducation sera d’apprendre à l’enfant qu’il fait partie d’une société et doit tenir compte de l’existence de l’autre, malgré sa tendance première à faire valoir son seul besoin, son seul désir. La vie est un combat entre le désir d’exister de l’enfant et celui de l’adulte ! On peut y comparer le travail des syndicats qui cherche l’équilibre entre l’épanouissement du personnel et la survie de l’entreprise !

Schema

Pour comprendre comment humaniser le Désir et faire d’un être un sujet de droit, nous parlerons du désir et de son cheminement entre fonction maternelle et fonction paternelle. Nous pointerons aussi certains pièges relatifs à ces fonctions lorsque la gestion du pouvoir fait violence. Nous verrons ainsi l'importance de mettre de la structure en instaurant la Loi.

Reste la question de l'autorité qui a comme fonction essentielle de maintenir la structure mise en place par un partage du pouvoir.

Conditions pour mettre en place une saine autorité

Devenir un sujet désirant.

L'ÊTRE, le Principe du Plaisir et la fonction maternelle

De zéro à six mois, la pulsion n'a qu'un but : rester un tout. Dans l'organisation orale de la pulsion, le corps entier fonctionne comme une bouche mais aussi comme une peau affamée de contacts et avide d'agrippement. Pendant toute cette période,. se pose donc principalement des questions concernant l'Être.

Toute la pulsion agressive du tout-petit est axée sur : former un tout avec la mère

Pour ancrer l'enfant dans un sentiment de réassurance quant à son droit d'Être, en plus de le doter d'un nom, l'adulte va tenter de faire primer le Principe du Plaisir en assurant un maximum de Fonction maternelle Celle-ci assure la sécurité de base. Elle est cet utérus symbolique fait de gestes, de paroles, de chaleur. Lieu tellement rassurant car il ne met pas de limites au désir de l'enfant, l'adulte est totalement à sa disposition, à tout moment l'enfant peut faire appel à la sollicitude parentale. Et à la fois lieu qui met une limite parce qu’il répond avec constance à ce désir, permettant ainsi à ce mouvement de s’inscrire dans le corps comme point de repère. Le désir peut alors investiguer d’autres domaines, s’interroger d’autres appels, sur base du retour assuré des premiers réponses.

Elle permet la mise en place du principe du plaisir qui s’appuie sur le principe de constance.

Cette fonction fait naître chez l'enfant un sentiment de toute puissance, tout est possible, tout est permis. Cette expérience est indispensable pour l'évolution équilibrée du psychisme car elle procure à l'enfant l'indispensable reconnaissance qui lui permettra de s'aimer lui-même et d'aimer l'autre. Cette fonction lui permet d'enraciner en lui-même le fait qu'il existe pour quelqu'un d'autre.

Cette fonction lui permet d'enraciner en lui-même le fait qu'il existe pour quelqu'un d'autre, qu’il y a un extérieur et un intérieur..

L'AVOIR, le Principe de réalité et la fonction paternelle

A 8 mois l'enfant prend conscience qu'il n'a pas le corps de la mère, l'amour du père vient contre balancer cette perte et de cette sorte, fait déjà office de tiers terme.

Grandissant, après qu'ait apparu la distinction pour l'enfant du corps de sa mère par rapport au sien, surgit la découverte des possibles différences au niveau de la pensée et des émotions. L’axe de l’Avoir de la pulsion de vie est orientée maintenant dans le FAIRE. C'est l'âge de la maîtrise de l'espace par le corps, des objets par les mains

A cet âge, le questionnement de l'enfant porte essentiellement sur l'Avoir au travers du Faire.

Pour rendre possible, l'insertion dans la société humaine, l'appareil psychique aura a évoluer et à accéder au principe de réalité, ceci sera rendu possible grâce à l'application de la Fonction paternelle. La réalité n'est-elle pas ce quotidien qui nous démontre que tout n'est pas possible, que nous ne sommes pas tout puissants ? Qu’il y a des Interdits.

Tous les désirs de celui-ci ne sont pas comblés.

C’est la période critique pour la mise en place d'une relation de pouvoir trop inégale, car elle s'organise autour de la relation "à la propreté" Âge concerné par la maîtrise musculaire et l'emprise psychique.

Exemple : Le petit Matteo campé sur ses jambes des 2 ans et demi, arrive un jeu de bloc et un maillet à la main. Il s'installe près de sa mère qui converse avec sa sœur. Après avoir donné un coup avec son marteau de bois sur ses blocs, il se redresse et d'un air sévère dit aux grands : " Maintenant, taisez-vous car je dois faire du bruit !"…

C’est un amour qui constitue la base de la reconnaissance est tant que sujet.

C'est à cet âge que doit apparaître la fameuse crise d'opposition.

L'opposition engendre souvent la colère. La colère est un sentiment de désaccord directement lié à un conflit entre deux personnes est soutenue par l’agressivité

Hélas souvent l'adulte interprète la colère de l'enfant comme un manque de respect.

Souvent les parents sont surpris de ce genre de manifestation et le prenne pour une offense personnelle, une violence faite à l'égard de leur attitude pédagogique, à l'égard de leur projet éducatif, ou encore à l'égard de la tradition familiale...

Parfois ils se mettent à douter du bien fondé de leurs exigences, du droit à mettre des limites; à moins qu'au contraire ils s'insurgent contre l'enfant qui ose remettre en question des principes hérités de l'histoire familiale et jamais jusqu'alors mis en question ! Comme si du fait même de leur pérennité ces principes sont de toute évidence la seule vérité sur la question.

Or il est utile de savoir qu’une règle n’est ni vraie, ni fausse, ce n’est pas une vérité qui les justifie ! Une loi parentale régissant la vie familiale et la vie sociale en découlant, est un acte législatif ; or, le légal n’est ni le vrai, ni le bien. La loi ne dit ni le vrai ni le bien, seulement l’ordre.

La colère, manifestation d'opposition permet de faire la coupure entre le désir de l'adulte et celui de l'enfant. Or permettre à un enfant de faire des reproches, c'est lui permettre plus tard, de poser des interdits par rapport à lui-même et à sa descendance.

Humaniser un enfant, le socialiser, c'est pas à pas le faire accèder au principe de réalité en le guidant dans la connaissance de ce qui se fait, de ce qui ne peut se faire.

A cet âge, l’enfant souhaite que « Maman ait de long cheveux » = un grand Je Veux. Appel au pouvoir de l’adulte !

Mettre de la structure par un partage de pouvoir

LE POUVOIR est avant tout une relation d’emprise.

L’homme désire plus vivement le pouvoir sur les autres à mesure qu’il en a moins sur lui-même.

L’emprise est un mode très particulier d’interaction entre deux sujets, qui correspond à un agencement complexe de la relation à l’autre. Dans le concept d’emprise on relève trois dimensions principales : l’idée de prise, de capture qui évoque l’action d’appropriation par la dépossession de l’autre. (En impressionnant, en culpabilisant l’autre, en humiliant, en détournant ses paroles, etc) Vient ensuite la dimension de domination, qu’elle soit intellectuelle ou morale et qui est exercée sur une personne qui se sent contrôlée ou manipulée. En troisième lieu et en conséquence de cette double action appropriation domination, il y a inscription d’une trace, en ce sens que celui qui exerce son emprise grave son empreinte sur l’autre.

Celui qui exerce un pouvoir sans REconnaissance de l’autre tombe dans le piège de l’autoritarisme, donc dans celui d’un rapport de forces inégales. Il tient enfermés ceux qui sont sous son autorité tombant dans l’excès de L’AUTORITARISME

Drames de l'emprise exacerbée, à savoir de l’excès de pouvoir.

L'emprise exacerbée a pour but :

1. de maintenir l'autre sous sa dépendance par divers procédés : retenir l'autre en contact perceptif, à portée de peau, de vue, de voix.

2. de mouler l'autre à l'image de ce que l'on désire par une emprise sur le corps de l'autre.

Nous verrons que dans les cas d'emprise exacerbée de l'adulte vis à vis de l'enfant, il se produit un mode assez catastrophique de transmission des valeurs et engendre de la TYRRANIE. Tandis que dans le cas d'emprise exacerbée de l'enfant sur l'adulte il y a non transmission de valeurs, l'enfant est comme sans racines, il s'en suit une organisation pulsionnelle chaotique et il tombe dans la BARBARIE.

Excès de pouvoir de la fonction paternelle ou la Tyrannie

Ignorer la souffrance de l'enfant, obéir est l'exigence ultime de l'éducation

Si seul l'adulte a du pouvoir, il est mis en place de dominant et l'enfant en place de dominé. A ce moment, l’adulte manifeste un désir de domination universel, il détient la vérité sur l’enfant. En d’autres mots, l’adulte “sait” et “ordonne” la plupart des gestes quotidiens.

Le pouvoir du dominant pose une loi qui est sensée signifier le désir de l'enfant, en quelque sorte il constitue le désir de l'enfant. Il doit rentrer dans le moule. (La tête d'Edgar dans la bassine)

Il s'agit ici de la transmission d'un CODE, une transmission de CROYANCES. Rites dont le mythe est perdu, principes élaborées par un père ou une mère mythique de la lignée familiale et que les parents transmettent au nom d'une loyauté familiale et non en leur nom propre.

Lorsque se jouent des relations d'emprises exacerbées, celui qui est dominé s'identifie à un objet étouffé, pénétré, ligoté.

Exemples d’abus de pouvoir.

A travers d'actes ne reconnaissant pas à l'enfant le droit à ses émotions personnelles.

L'interdiction à faire des colères car la parole propre est muselée au nom d'un soi-disant respect qui n'est que la crainte d'une remise en question.

La colère, manifestation d'opposition permet de faire la coupure entre le désir de l'adulte et celui de l'enfant.

Excès de pouvoir de la fonction maternelle ou la Barbarie

La souffrance de l'enfant est en premier plan, par conséquent on le dispense d'obéir

Actuellement le pouvoir est souvent du côté de l'enfant.

Autour des années 5O naissent de nouvelles théories, l'enfant n'est pas un adulte inachevé mais un être désirant au même titre qu'un adulte. Au nom de l'épanouissement de sa personnalité les parents laissent ce désir prendre toute la place. C'est lui qui dit non aux désirs des parents qui eux craignent de se défendre de peur d'être de mauvais parents !

Ce qui compte avant tout est le désir de l'enfant donc l'adulte fera tout pour ne pas le frustrer cad le contre dire afin d'éviter tout traumatisme.

Comme se met en place une telle structure ? A nouveau, c'est la question du pouvoir qui est en jeu ! Par excès de fonction maternelle, un pouvoir trop grand est accordé à l'enfant.

Un excès de fonction maternelle entraîne :

Piège de la non différentiation

Il y a ici déni de la différence, des générations, ou de la fonction professionnelle.

Résultat l'enfant qui grandit sans limites, n'accède par à l'acceptation de la réalité, reste fragile parce que infantile. N’acquiert pas son identité sexuelle, son processus d’identification reste bloqué à un jeu en miroir, en se voyant il voit la mère et vis versa.

Piège de la violence

Lorsque le père est absent de son rôle de représentant de la Loi, le fils a beau jeu le destituer et de prendre la place de “ l’homme ” puisque la Loi dépend de lui. La mère est sienne, lourde tâche.

La phase anale est la période critique pour la mise en place d'une relation de pouvoir trop inégale.

Dans le cas d'emprise exacerbée de l'enfant sur l'adulte il y a non transmission de valeurs, l'enfant est comme sans racines, il s'en suit une organisation pulsionnelle chaotique.

Pour sortir de ce mortel cercle vicieux, il n'y a qu'une issue : que la mère accepte une cessation de pouvoir.

Souvent dans la mesure de ses possibilités, l'enfant fait un appel au père. Ainsi Fabrice fabrique avec de la plasticine un gros nuage. C'était dans un pays où il n'y avait jamais de soleil. Ca c'est un nuage qui fait des gouttes de pluie. Des grosses gouttes comme des larmes aux yeux. Et il façonnent deux gouttes suspendues au nuage. Les gouttes essayent que le soleil veut bien se marier avec le nuage. Mr Soleil disent les deux garçons, vient dans notre pays et marie toi avec la pluie...

Cet appel au père demande que le pouvoir soit partagé et ceci grâce à la présence de la fonction paternelle qui assurera la pérennité des pouvoirs grâce à l’AUTORITÉ.

Maintenir la structure grâce à l'autorité 

Cela se résume en deux mots : Conséquence et Cohérence

L'autorité revient aux parents et est l'indispensable garant d'un fonctionnement harmonieux de la famille. Faire preuve d'autorité c'est veiller au respect des individus et de leurs territoires propres. L'autorité instaure le CODAGE du fonctionnement de la famille : argent de poche- places à table- tâches; il s'agit là de CONVICTIONS éducatives appropriées à la spécificité de la famille. Elle soutient le respect de la parole dite, de la véracité du langage comme référence par exemple qu'un NON signifie NON et pas peut-être !

L'enfant inscrit au cours de tennis et amené à renoncer au goûter d'anniversaire.

Elle défend et délimite clairement les places et les rôles

Léon essaye d'amener une trop grande boite, puis une trop petite. Dans ses histoires le tailleur de pierre veut être le soleil, le vent, le nuage et après veut redevenir le tailleur de pierre !

L'autorité n'est pas un lieu d'où s'exercent des reproches, d'où émanent des messages culpabilisants. Parler avec autorité n'est pas seulement veiller à ce que l'autre obéisse mais surtout à ce qu'il puisse faire sienne cette parole. Pour cette raison, Dolto a suggéré d'expliquer aux enfants la raison de telle ou telle règle.

Pour ne pas être culpabilisante, cette parole doit être prononcée en son nom propre et pas au nom de celui qui s'adresse. Ex : "TU es assommant, va dans ta chambre." est diffèrent de "Tous ces cris perturbent l'atmosphère, JE ne les supporte plus, va dans ta chambre. "Quand l'énoncé part de l'autre et va vers l'annonciateur, il crée un sentiment de dépendance, de soumission et non un lieu de reconnaissance.

Assumer sa place de parents et celle de l'autorité, c'est accepter d'échelonner la vie de l'enfant de points de repères, en supportant une nécessaire mouvance des règles.

Cette autorité assure une sécurité de mouvement entre des balises clairement définies.

Quel rôle et quelle place donner à la Loi ?

La loi est un principe fondamental régissant les rapports entre les être humains.

Pas de société sans Loi !

Entre d'autres choses, Éduquer, c'est inculquer une façon de vivre par rapport à la Loi. Toute culture impose deux lois incontournables : l' Interdit du meurtre : il a pour but de créer un sentiment de sécurité : si je sais que l'autre n'est pas un meurtrier, je peux consacrer mon temps à autre chose qu'à me défendre de lui !

l'Interdit de l'inceste : il permet de chercher le partenaire sexuel hors du cercle familial afin d'entrer en contact avec d'autres manières d'être que l'on peut adopter, permet donc la mouvance sociale et culturelle.

L'adulte comme l'enfant est soumis à la loi. Dans l'éducation, l'adulte fait acte de témoignage, il désigne à l'enfant ce qu'est la Loi en imposant quotidiennement les lois familiales et sociales appelées aussi règles de vie. Ces lois jalonnent le chemin de la normalisation et permettent, si l'adulte renonce à trouver dans l'enfant l'image de lui-même, l'accès à l'autonomie.

Cette autorité assure une liberté de mouvement entre des balises clairement définies

Les impératifs les plus importants de toute loi sont les interdictions et non les commandements. Les interdictions sont les bornes à ne pas dépasser tandis que les commandements est l'obligation de suivre telle ou telle route,, celle du désir parental préétabli.

Analogie : l'application de la loi  peut être semblable aux rails d'un train ou des balises de navigation. Entre interdictions et commandements se joue tout l'espace de l'autonomie. Les rails sont une route rigide qu'il faut suivre sous peine de créer un accident, ils sont semblables à un moule dans l'enfant doit se couler, être tout ce que ses parents souhaitent qu'il soit ! Devoir à tout prix suivre les rails du désir parental entraîne l'étouffement du désir personnel et cultive le sentiment de PEUR, celle de mal faire, celle de ne plus être aimé.. Tandis qu'une éducation balises permet de délimiter les territoires à ne pas pénétrer mais entre les balises faisant office de garde fous,( empêchant donc la peur qui rend folle), entre les balise donc, l'enfant fraie son propre chemin. Cette éducation stimule le sens de l'autonomie, de l'auto gestion et le sens des responsabilités.

Jour après jour l'éducation véhicule la loi parentale. Se conformer à la loi est pour l'enfant le prix à payer pour pouvoir survivre. L'adulte abdiquant à la transmission de la Loi, entraîne chez l'enfant de sérieux risques de difficultés d'adaptation

Comment gérer l'application de la Loi ?

Si une famille a décidé de ne pas vivre dans l'anarchie, d'appliquer règles et limites qui forment la Loi familiale, il lui faudra opter pour une politique familiale. De plus en plus, les parents souhaitent une éducation démocratique ou chacun a droit au chapitre suivant la place qu'il occupe.

C’est à partir de ce principe que se pose la question essentielle de la différence entre pouvoir et autorité.

Est-ce nécessaire de se faire violence et de s'entendre dire Non là où le coeur de parent aurait si envie de dire oui ? Eh bien oui, il faut le dire car : le non a un effet structurant sur le développement harmonieux de agressivité de l'enfant.

Ainsi, cette fonction au delà de son aspect frustrant, est celle qui autorise l'enfant à développer une personnalité propre. Grâce à cette fonction on peut acquérir le sens de la réalité définie comme la possibilité de se passer des autres si on se retrouve seul au monde. Pour un être humain assumer la Réalité, c'est être auto responsable.

L'autorité sait dire NON ! 

Dire non ce n'est pas que dire ! COHERENCE

Que de parents se plaignent que sans arrêt ils se positionnent en place d'autorité, expriment les règles, les explicitent et comble des combles... l'enfant ne s'y soumet pas. Ils ne se rendent pas compte qu'un enfant pour assimiler une règle, a besoin que celle-ci traverse son corps, ses cellules.

Exemple de l’enfant qui se lève constamment de table

Rôle de la punition que nous appellerons plutôt conséquence et qui permet à l'enfant d'apprendre à faire des choix.

OBEIR : Celui dont émane la loi doit veiller à ce que cette loi soit respectée et suivie. Il ne faut cependant pas confondre obéissance avec servilité. Faut-il obéir à une loi parce que celle-ci est juste ou encore parce que obéissance et amour sont liés ? Non, il faut obéir parce que c’est la loi mais rien n’empêche de la trouver injuste et ridicule. Or trop souvent dans le chef parentale, l’obligation d’obéissance est associée avec l’obligation de respect et d’amour ! Ceux-ci sont d’un autre ordre, tandis que l’on obéit, il est essentiel de garder toute sa liberté d’esprit.

Bien sûr, un enfant obéit plus facilement qu’un autre.

Exemple des enfants bouchons de champagne.

Dire non c’est tenir bon ! CONSISTANCE

Trop de pouvoir à la maison entraîne une fragilité vis à vis du monde extérieur. Il est donc indispensable aux parents de montrer à l'enfant comment utiliser ses armes pour se défendre dans la vie et donc aussi de se défendre contre trop d'intrusion de la part de l'enfant. Montrer ses armes c'est faire respecter limites et règles et veiller à ce que l'acte suive la parole.

L’enfant brimé à l’école, est souvent issu de famille où les conflits sont le plus souvent possible, évincés.

La mise en place de la loi n’a rien de gentil, de rond et d’accueillant ! Elle est soutenu par notre propre agressivité et sert aussi a nous défendre. Plus nous avons affaire à un oiseau intelligent, plus il faudra être suffisamment armé pour nous défendre !

Dire non c'est savoir se dire non. ETRE CONSEQUENT

Dire non à notre désir de vouloir rester maître de la situation, de contrôler tous les agissements de l'enfant.

ex : l'argent de poche, les vêtements.

Conclusions 

Nous avons situé l'importance de la fonction maternelle dans la structuration du sentiment "à être" d'un individu. Dans un troisième temps nous avons réfléchis comment faire place à la naissance d’une fonction paternelle affectueuse mais claire quant à la mise en place de la Loi, présente à l’intérieur du groupe, donnant aux adultes leur vraie place de "père" : celle de l’amour qui structure en ne craignant pas de

mettre une limite au désir et ainsi délimité il permet de donner une place claire à l’individu.

N’empêche, la question de l’autorité qui structure pose toujours la question de l’amour

Pouvons-nous conclure qu’il y a plusieurs formes d'amour ? L'amour bisous, l'amour câlins, celui qui cherche à répondre à tous les désirs de l'enfant. Il s'agit de cette fonction maternelle dont je vous ai parlée et qui se révèle indispensable à la mise en place de la sécurité de base. Puis il y a cette autre forme d'amour, celle qui instaure la Loi, qui en disant Non permet de créer un espace d'autonomie pour l'enfant par rapport à l'adulte, celui-ci est capable de laisser à l'enfant la possibilité de choisir, l'adulte lâche prise d'une partie de son pouvoir, il accepte le partage. Ces deux formes d'amour permettent à l'enfant de grandir. Aimer n'est ce pas de permettre à l'autre d'aller son chemin.

Dans la tradition chrétienne,  on parle des deux mains de Dieu le père. Sa main droite est celle du fils, la main qui structure par la mise en place de la Loi, la main du Verbe tandis que l’autre serait celle de l’esprit saint qui vivifie, la main de l’amour. Les parents sont ces deux mains, 5+5=10, chiffre de la connaissance.

AIMER ce n'est donc pas se laisser aller au piège que nous tend notre société de consommation, dire oui à tout, sous prétexte de nier la souffrance, nier la mort, permettre que tout soit possible parce que dans notre société nous nous illusionnons de toute puissance ! De la toute puissance de notre Désir qui viendrait mettre en échec la Loi de l’incertain mise en place par la fonction paternelle. Piège du laxisme. Faire plaisir, arranger les bidons, etc...

AIMER, c'est ne pas craindre de cadrer, d'encadrer l'enfant afin que dans un espace qui lui revient, il découvre le possible cheminement de son désir. D'ou l'importance de balises qui interdisent plutôt que de commandements qui tracent un chemin obligé.

Dans le cas contraire, d'un accompagnement trop laxiste par rapport à l'enfant, dans un premier temps cela donne une impression de gentillesse, d'aimer l'autre MAIS ce comportement engendre un doute quand au réel intérêt de l'adulte pour l'enfant. Entraîne le doute de la parole donnée puisque tout est manipulable, rien n'est fondé ! Cette attitude crée chez l’enfant un réel sentiment d’instabilité dont la résultante est la Violence. 

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